Histamine : Métabolisme, exercice physique et intolérance


L’histamine est un médiateur chimique qui se trouve dans toutes les cellules de l’organisme et en grandes partie dans certains organes vitaux : reins, poumons, l’estomac, le foie. On trouve également de grandes quantités d’histamine au niveau de la peau (1). Il existe deux sources d’histamine :

– L’histamine cellulaire : Les enzymes régulant son métabolisme sont exprimées au niveau de l’hypothalamus, de certains lymphocytes (basophiles et mastocytes) et de la paroi stomacale. Cette forme est synthétisée à partir de la L-histidine.

– L’histamine alimentaire : dont la source est l’alimentation. Plusieurs aliments contiennent de l’histamine et sont donc proallergique et proinflammatoire.

Histamine et système nerveux autonome :

L’histamine en tant que neuromédiateur fait partie, selon le type de récepteurs qu’elle active soit du système parasympatho-sérotoninergique avec les récepteurs H2 et H4 (encore sujet à débat), soit du système sympathico-adrénergique par l’intermédiaire des récepteurs H1 et H3 (2, 3, 4). Dans de précédentes publications, j’ai expliqué comment le système endocrinien n’est que le prolongement métabolique naturel du système nerveux autonome. La stimulation de la sécrétion de l’histamine se fait par l’intermédiaire des synapses cholinergiques entre autres. Ces dernières sont en général parasympathique, ce qui fait penser à une éventuelle relation avec le parasympathique (5). On dit dans certains anciens ouvrages que l’activation du sympathique augmente la sécrétion de l’histamine, ce qui est également confirmé par les études actuelles concernant les récepteurs H1 et H3, mais malgré cela, il persiste une confusion autour de cette question dans la mesure où les effets produits par l’histamine sont très proches de ceux produit par le système parasympapthique. Il existe aussi l’hypothèse selon laquelle l’histamine serait libérée sous l’action du sympathique et que les effets qui suivent cette libération seraient dues à une réaction d’équilibrage du parasympathique (5).

Synthèse et dégradation de l’histamine :

La synthèse de l’histamine (cellulaire) se fait dans le cytoplasme à partir de la L-histidine et est soumise à l’action de l’histidine décarboxylase. Une partie de cette histamine sera stockée dans les cellules (reins, poumons, estomac, foie, peau, neurones…) et une autre partie sera dégradée en Acide N-Methyl-Imidazole Acétique (ANMIA), un métabolite éliminé par les reins (6). Cette dégradation est régulée par deux enzymes dont l’intervention est successive : La N-Methyl-Transférase (NMT) dont le produit est la N-Methyl-Histamine et la Monoamine Oxydase (surtout de type MAO-B, mais également la MAO-A) en présence d’oxygène et d’eau dont le produit est le fameux métabolite ANMIA éliminé dans les urines.

Les MAO ne sont pas spécifiques à l’histamine mais dégrade un tas d’autres médiateurs (dopamine, noradrénaline, sérotonine…). Contrairement aux MAO les Biamines Oxydase (BAO) sont spécifiques à l’histamine mais seulement celle d’origine externe (fournie par l’alimentation). La dégradation de l’histamine d’origine alimentaire s’opère alors à partir de la NMT comme celle d’origine cellulaire et s’achève par la BAO.

Effets de l’exercice sur l’histamine :

L’exercice physique intense inhibe en général les enzymes à cuivre, ce qui est le cas de la DAO (7). Le mécanisme de cet effet est encore non élucidé mais il serait certainement dû à une dégradation de l’enzyme et une élimination du cuivre par voie rénale (8). Cependant, il n’existe que très peu d’étude réalisées sur des animaux à ce sujet et d’autres études sont nécessaires afin de confirmer cette hypothèse. Concernant la MAO, elle n’échappe pas à la règle. L’inhibition par l’exercice physique intense se fait par la dégradation de la MAO et par son élimination dans les urines selon plusieurs études (9, 10, 11). Ce qui rend plausible l’hypothèse selon laquelle la DAO serait inhibée par dégradation et élimination par voie rénale.

Le rôle de l’histamine au cours de l’exercice est encore non élucidé. L’inhibition des enzymes MAO et DAO, inhibe à son tour la NMT (premier enzyme de la dégradation de l’histamine), ce qui fait augmenter les niveaux interstitiels d’histamine. Une étude très récente (octobre 2016) intitulée “le rôle intrigant de l’histamine dans les réponses à l’exercice” suggère que l’accumulation de l’histamine au cours de l’exercice ne serait qu’une réponse à l’exercice et non un réaction allergique à l’effort (12). Ceci est confirmé par d’autres études comme celle de Romero et al. (septembre 2016). Dans cette étude les auteurs vont jusqu’à affirmer que la plupart des adaptations à l’exercice sont dues à l’histamine qui aurait certainement un effet bénéfique sur le déroulement des réponses adaptatives à l’exercice (13). L’augmentation des concentrations interstitielles en histamine au cours de l’exercice aurait donc des effets bénéfiques dans la régulation du débit sanguin pendant et immédiatement après l’arrêt de l’exercice (14).

Quelques conseils pour les intolérants à l’histamine :

Il apparaît que l’histamine a un rôle très complexe qui n’a pas encore été complètement élucidé à ce jour (15). Les études faisant le lien entre intolérance à l’histamine et le rôle de l’histamine à l’exercice sont tout simplement inexistantes. Le meilleur moyen d’éviter une intolérance à l’histamine au cours de l’exercice est de manger au moins 3 heures (voire plus lorsqu’il s’agit de repas copieux) avant l’exercice, voire pour ceux qui le tolère s’entraîner à jeun. En effet, l’exercice dilate les parois vasculaires et les membranes cellulaires ce qui facilitera la pénétration des agents allergènes au sein des cellules et provoquera une hausse du niveau d’histamine cellulaire.

Malgré que les études au sujet des recommandations nutritionnelles et orthomoléculaires par rapport à l’intolérance à l’histamine sont complètement contradictoires ce qui est l’avis des auteurs de la dernière (octobre 2016) revue de la littérature à ce sujet (16), voici, à mon sens, les mesures à prendre afin de réduire les effets de l’intolérance à l’histamine :

Suppléments :

– Vitamine C

– Curcumine

– Quecétine

– Extrait de thé vert (capsules)

– Vitamine B6

– N-Acetyl-Cystéine

– Bromélaïne

– Il existe également de la DAO sous forme de suppléments, sa prise est à voir avec votre médecin ou nutritionniste. Les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous.

Alimentation :

– Les aliments fermentés sont connus pour augmenter les taux d’histamine, donc il faudra les éviter au maximum. Il s’agit de tous les aliments dont la nature ou le processus de préparation serait la fermentation.

– Manger à distance des entraînements et des périodes d’effort

– Aliments riches en lécithine (les oeufs en sont la meilleure source)

 

Références :

1. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/3318321

2. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24737484

3. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21989948

4. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25680462

5. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11270139

6. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/2228870

7. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16034156

8. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12398261

9. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/6088619

10. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/7578646

11. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/6498634

12. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27741023

13. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27061420

14. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27562843

15. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17490952

16. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27590961

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