Une étude publiée le 3 juin 2025 dans la revue BMJ Nutrition, Prevention & Health établit une association entre les régimes hypocaloriques et une augmentation des symptômes dépressifs, en particulier chez les hommes et les individus en surpoids ou obèses. Ces résultats viennent nuancer les conclusions d’études antérieures qui mettaient en avant les effets bénéfiques des régimes amaigrissants sur la santé mentale.
Les chercheurs ont analysé les données de 28 525 adultes issues de l’enquête nationale américaine NHANES (2007–2018). Les participants ont complété le PHQ-9, un outil standardisé pour évaluer la sévérité des symptômes dépressifs. Environ 8 % ont déclaré présenter des symptômes de dépression.
Parmi les types de régimes déclarés, les régimes hypocaloriques étaient les plus fréquents parmi les personnes obèses (12 %) et en surpoids (8 %). L’analyse montre que les individus suivant un régime hypocalorique présentaient des scores PHQ-9 en moyenne 0,29 point plus élevés que ceux ne suivant aucun régime. Ce chiffre atteignait 0,46 point chez les personnes en surpoids suivant un tel régime, et 0,61 point chez ceux suivant un régime pauvre en nutriments spécifiques (glucides, graisses, sucre, etc.).
Les auteurs observent également une hausse des symptômes cognitifs-affectifs (ruminations, perte d’intérêt, etc.) chez les personnes suivant un régime hypocalorique, et des symptômes somatiques (fatigue, troubles du sommeil, douleurs physiques) chez celles suivant un régime restrictif en nutriments.
Chez les hommes, l’effet des régimes restrictifs semble particulièrement marqué : toutes les formes de régime étaient associées à une augmentation des symptômes somatiques, et les régimes pauvres en nutriments à une élévation significative des symptômes cognitifs-affectifs.
Les chercheurs soulignent que les résultats doivent être interprétés avec prudence, car il s’agit d’une étude observationnelle. Elle ne permet donc pas d’établir de lien de cause à effet. Ils évoquent toutefois plusieurs pistes explicatives : déséquilibres nutritionnels, carences en vitamines ou acides gras essentiels, stress physiologique induit par la restriction, et démotivation liée à l’absence de résultats ou au cycle perte/prise de poids.
Selon les auteurs, ces résultats mettent en évidence l’importance d’un encadrement nutritionnel adéquat lors de la mise en place de régimes restrictifs, notamment chez les patients à risque, comme les hommes et les personnes en surpoids ou obèses.
Source :
Menniti G., Meshkat S., Lin Q., Lou W., Reichelt A., Bhat V.
Conséquences des restrictions alimentaires sur la santé mentale : augmentation des symptômes dépressifs chez les hommes biologiques et les personnes ayant un IMC élevé.
BMJ Nutrition, Prevention & Health.
DOI : 10.1136/bmjnph-2025-001167