Introduction
La protéine Spike (S) du SARS-CoV-2 est la glycoprotéine clé responsable de la liaison au récepteur ACE2 et de l’entrée du virus dans les cellules. Elle est également la cible des vaccins à ARNm ou à vecteur viral.
Au-delà de l’infection aiguë, des inquiétudes émergent concernant ses effets potentiellement délétères, dans le cadre du Long-COVID ou après vaccination. Le terme de spikopathie a été proposé pour désigner un ensemble de symptômes persistants attribués à la persistance ou la toxicité de la Spike.
Toxicité et effets pathogènes potentiels
La protéine Spike possède des propriétés biologiques pro-inflammatoires. Elle peut :
- induire la production de cytokines et perturber l’endothélium ;
- interférer avec la coagulation et les fonctions mitochondriales ;
- provoquer des effets neurologiques et vasculaires dans des modèles animaux.
Des expériences sur animaux ont montré que l’injection de Spike isolée ou de fragments pouvait induire inflammation, lésions tissulaires ou aggravation de dommages existants.
Persistance après infection ou vaccination
Après infection
Chez des patients atteints de Long-COVID, des fragments ou des protéines Spike intactes ont été retrouvés dans le plasma ou dans des vésicules extracellulaires plusieurs mois après l’infection. Certaines études suggèrent une persistance dans des tissus tels que le cerveau ou les méninges, ce qui pourrait contribuer aux symptômes neurologiques chroniques.
Après vaccination
Des données rapportent la présence prolongée de Spike dérivée des vaccins dans certains monocytes ou exosomes. Dans de rares cas, elle pourrait persister plusieurs mois. Toutefois, la signification clinique exacte reste débattue et les preuves de toxicité directe chez l’humain sont encore limitées.
Controverses et limites
Les publications sur la persistance et la toxicité de la Spike présentent souvent :
- des effectifs modestes ;
- des résultats observationnels ;
- des difficultés à distinguer l’effet direct de la Spike de celui de l’inflammation résiduelle ou d’autres facteurs.
Ainsi, la corrélation entre persistance de la Spike et symptômes n’établit pas une causalité stricte.
Définir et identifier la « spikopathie »
Élément | Indices possibles |
---|---|
Histoire clinique | Infection COVID ou vaccination suivie de symptômes persistants (neurologiques, cardiovasculaires, fatigue chronique, douleurs). |
Chronologie | Symptômes durant plusieurs semaines ou mois après l’événement initial. |
Biomarqueurs | Détection de Spike ou fragments dans le plasma/exosomes, inflammation chronique (CRP, cytokines). |
Imagerie | Études rapportant Spike dans les tissus cérébraux, associée à neuroinflammation. |
Prise en charge proposée
- Diagnostic : anamnèse complète, bilan biologique (inflammation, marqueurs endothéliaux), imagerie si nécessaire, recherche de Spike dans le cadre de protocoles spécialisés.
- Traitement : approche symptomatique (douleurs, troubles du sommeil), prise en charge multidisciplinaire, interventions anti-inflammatoires ciblées ou soutien métabolique selon le cas.
- Suivi : régulier, avec implication de la neurologie, cardiologie, immunologie.
- Prévention : vaccination reste globalement recommandée dans la prévention des formes graves, avec adaptation éventuelle pour les patients à risque.
Conclusion
La protéine Spike présente un potentiel pathogène au-delà de l’infection aiguë, avec des données suggérant sa persistance et sa contribution possible au Long-COVID et à certains symptômes post-vaccinaux. Le concept de spikopathie reste émergent et controversé : la toxicité directe, la dose, la durée et les tissus concernés nécessitent encore clarification.
Pour les professionnel·les de santé, il est essentiel d’adopter une posture critique, d’identifier précocement les patients à symptômes persistants et de contribuer à la recherche clinique pour mieux comprendre et traiter ce syndrome.
La protéine spike est toxique et persistante, responsable de nombreuses complications post-COVID ou post-vaccination. C’est un facteur majeur de la “spikopathie”, qu’il faut apprendre à identifier et prendre en charge.
Références
- Swank Z. et al., Persistent circulating SARS-CoV-2 spike is associated with post-acute COVID-19 sequelae, Clin Infect Dis. 2023.
- Bansal S. et al., Persistence of spike protein in exosomes and monocytes after vaccination, Front Immunol. 2022.
- Patterson B. et al., Immune-based prediction of COVID-19 severity and chronicity, PLoS Pathog. 2021.
- Pellegrino P. et al., Spike protein and endothelium dysfunction: experimental evidence, Biomed Pharmacother. 2022.
- Yonker L. et al., Detection of SARS-CoV-2 spike protein in children and adults with post-acute sequelae of COVID-19, J Infect Dis. 2022.