Un constat scientifique récent
Des chercheurs de la Liverpool John Moores University (LJMU) ont montré que boire trop peu au quotidien accentue la réponse au stress de l’organisme. Leur étude, publiée dans le Journal of Applied Physiology, met en évidence que les personnes consommant moins de 1,5 litre de liquides par jour présentent une libération de cortisol — l’hormone du stress — supérieure de plus de 50 % à celles qui respectent les recommandations (2 L pour les femmes, 2,5 L pour les hommes).
Or, une sécrétion exagérée de cortisol est bien documentée comme facteur de risque de maladies cardiovasculaires, de diabète et de troubles dépressifs.
Le lien entre hydratation et réponse au stress
L’explication repose sur l’axe hydratation–vasopressine–cortisol.
- En cas de déficit hydrique, l’organisme libère davantage de vasopressine pour conserver l’eau et maintenir l’équilibre hydro-électrolytique.
- Cette hormone agit certes sur les reins, mais elle stimule aussi l’hypothalamus, entraînant une hausse de la sécrétion de cortisol.
- Résultat : un organisme plus vulnérable face aux situations stressantes, même sans perception accrue de la soif.
Les participants « peu hydratés » de l’étude présentaient d’ailleurs une urine plus concentrée, signe objectif de déshydratation, malgré une anxiété ressentie comparable aux autres.
Conséquences pour la pratique clinique
Pour les professionnels de santé, ces résultats invitent à considérer l’hydratation non seulement comme un paramètre de confort ou de performance physique, mais aussi comme un facteur de modulation du stress et de prévention de maladies chroniques.
- Cibler les populations à risque : étudiants, travailleurs soumis à des deadlines, patients souffrant de stress chronique.
- Surveiller l’hydratation au quotidien : au-delà de la sensation de soif, l’observation de la couleur des urines reste un indicateur simple et fiable.
- Intégrer le conseil hydrique dans les recommandations de suivi, notamment chez les patients déjà exposés à des pathologies métaboliques ou cardiovasculaires.
En pratique
Un geste simple, mais souvent négligé : encourager les patients à garder une bouteille d’eau à portée de main, particulièrement lors de périodes de charge mentale ou d’exposition au stress. L’hydratation apparaît ainsi comme une mesure préventive accessible, susceptible d’atténuer la réactivité du cortisol et de soutenir la santé à long terme.
Source :
« L’apport hydrique habituel et l’état d’hydratation influencent la réactivité du cortisol face au stress psychosocial aigu »,
par Daniel S. Kashi, Marianne Hunter, Jason P. Edwards, Juliane Zemdegs, Jennifer Lourenço, Anne-Cécile Mille, Erica T. Perrier, Alberto Dolci et Neil P. Walsh,
publié le 3 septembre 2025 dans le Journal of Applied Physiology.
DOI : 10.1152/japplphysiol.00408.2025