Une étude récente menée par des chercheurs de Liverpool John Moores University (LJMU) met en lumière un lien préoccupant entre une hydratation insuffisante et une réponse accrue au stress. Publiée dans le Journal of Applied Physiology, cette recherche montre que des niveaux faibles d’apport hydrique peuvent intensifier la sécrétion de cortisol, l’hormone majeure du stress, et ainsi augmenter le risque de pathologies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète et la dépression.
Une réponse hormonale amplifiée malgré une anxiété perçue similaire
L’étude a divisé de jeunes adultes en deux groupes selon leur consommation quotidienne de liquides : un groupe « faible apport » (moins de 1,5 L/jour) et un groupe « apport adéquat » (2 L/jour pour les femmes, 2,5 L/jour pour les hommes). Les deux groupes ont été exposés au Trier Social Stress Test, un protocole validé pour simuler un stress psychologique réel.
Bien que les participants aient rapporté des niveaux d’anxiété similaires et présenté des augmentations comparables de la fréquence cardiaque, seuls les individus du groupe à faible hydratation ont présenté une élévation significative du cortisol salivaire. Cette différence biologique souligne une vulnérabilité accrue au stress chez les individus sous-hydratés, indépendamment de la perception subjective de la soif.
Mécanismes physiologiques sous-jacents
Le lien entre déshydratation et stress s’expliquerait notamment par l’action de la vasopressine. Cette hormone, libérée en réponse à une baisse de l’hydratation, agit non seulement sur les reins pour favoriser la réabsorption d’eau, mais aussi sur l’hypothalamus, amplifiant la libération de cortisol. Cette double action engendre une charge physiologique supplémentaire sur le système rénal et le système de réponse au stress.
Conséquences cliniques et implications pour la pratique
Pour les professionnels de santé, ces données renforcent l’importance d’évaluer l’hydratation comme un facteur modifiable de la réponse au stress, notamment chez les patients à risque cardiovasculaire, souffrant de troubles métaboliques ou de pathologies psychiatriques. Encourager une consommation régulière de liquides – idéalement autour de 2 à 2,5 litres par jour – pourrait représenter une stratégie simple mais efficace pour atténuer la réactivité au stress et ses conséquences à long terme.
Indicateur pratique : la couleur de l’urine reste un outil accessible pour surveiller l’état d’hydratation. Une urine claire ou jaune pâle est généralement signe d’une bonne hydratation.
Conclusion
L’hydratation, souvent reléguée au second plan dans les recommandations cliniques, mérite une attention accrue dans la gestion du stress et la prévention des maladies chroniques. Un geste aussi banal que garder une bouteille d’eau à portée de main pourrait s’avérer être un levier efficace de santé publique.
Source :
Matériel fourni par l’Université Liverpool John Moores.
Daniel S. Kashi, Marianne Hunter, Jason P. Edwards, Juliane Zemdegs, Jennifer Lourenço, Anne-Cécile Mille, Erica T. Perrier, Alberto Dolci, Neil P. Wals
L’apport hydrique habituel et l’état d’hydratation influencent la réactivité du cortisol face à un stress psychosocial aigu.
Journal of Applied Physiology, 2025 ; 139 (3) : 698. DOI : 10.1152/japplphysiol.00408.2025