Elle a longtemps été l’apanage des salles de sport, glissée entre une protéine whey et une barre hypercalorique. Mais aujourd’hui, la créatine s’émancipe de son image de booster de performance pour culturistes pressés. Derrière ce petit mot connu de tous, souvent mal compris, se cache une molécule aux effets profonds sur la santé cellulaire, la cognition et le vieillissement.
La créatine, c’est avant tout un vecteur d’énergie. En formant un couple dynamique avec le phosphate (créatine phosphate), elle permet aux cellules de disposer d’un stock rapide d’ATP — cette monnaie énergétique que le corps dépense en permanence, que l’on coure un 100 mètres ou que l’on tente de finir une phrase en fin de journée. Lors de situations de stress métabolique — effort, maladie chronique, ou simplement vieillissement — cette réserve devient un atout crucial.
Le Pr. Richard Kreider, de Texas A&M, n’en est pas à sa première étude sur le sujet. Ses dernières analyses, couvrant plus de 600 essais cliniques, confirment ce que de nombreux experts pressentaient : la créatine est sûre, bien tolérée, et surtout utile bien au-delà du monde du sport. Chez les personnes âgées, elle peut contribuer à limiter la fonte musculaire et améliorer certaines fonctions cognitives. Chez les jeunes, elle soutient croissance, composition corporelle, et résistance à la fatigue mentale.
Côté alimentation, les apports naturels sont limités. Il faut environ 500g de viande rouge ou de poisson pour obtenir 1g de créatine. Autant dire qu’en dehors d’un steak quotidien, la supplémentation est la voie la plus simple, notamment pour les végétariens, les seniors ou les patients en convalescence.
Et les effets secondaires ? Rien de sérieux à signaler. Les peurs autour des crampes ou de la rétention d’eau s’effondrent face aux données. Mieux encore, la créatine favorise une meilleure hydratation cellulaire — un point positif, pas un problème.
En résumé :
La créatine n’est pas un gadget de muscu, c’est un outil physiologique, simple, documenté, et adapté à une large variété de profils. Dans un contexte de vieillissement démographique et de surcharge cognitive quotidienne, elle mérite une place dans les discussions thérapeutiques modernes.
Non, elle ne fait pas de miracles. Mais elle aide les cellules à faire leur travail — plus longtemps, et un peu mieux. C’est déjà beaucoup.