Introduction
Les compléments alimentaires connaissent un essor considérable dans la pratique clinique et dans la consommation grand public. Pourtant, leur statut intermédiaire entre aliment et médicament entretient une confusion : considérés à tort comme de simples produits secondaires, ils sont souvent sous-estimés dans leur potentiel thérapeutique.
Pourtant, lorsqu’ils sont pertinemment sélectionnés, de qualité éprouvée et adaptés au terrain individuel, ils peuvent constituer de véritables outils thérapeutiques, complémentaires aux stratégies médicales conventionnelles.
1. Un rôle au-delà du confort : des effets physiologiques documentés
Les compléments alimentaires regroupent une grande diversité de substances :
- Micronutriments : vitamines, minéraux, oligoéléments ;
- Macronutriments spécifiques : acides gras polyinsaturés, protéines, acides aminés ;
- Phytocomposés : extraits de plantes standardisés, polyphénols, alcaloïdes ;
- Probiotiques et prébiotiques : modulant le microbiote et l’immunité ;
- Molécules fonctionnelles : coenzyme Q10, mélatonine, etc.
Leur action peut viser :
- la correction d’une carence (ex. vitamine D, fer, iode),
- le soutien d’une fonction physiologique (ex. oméga-3 et santé cardiovasculaire),
- l’accompagnement thérapeutique (ex. probiotiques dans certaines pathologies digestives, antioxydants dans la prévention du stress oxydatif).
2. Une prescription raisonnée et individualisée
Comme tout agent actif, un complément alimentaire doit être envisagé dans une démarche clinique structurée :
- Analyse du terrain : statut nutritionnel, âge, pathologies chroniques, traitements en cours.
- Choix éclairé du produit : privilégier des formulations standardisées, contrôlées, dont la biodisponibilité est documentée.
- Posologie et durée : déterminer des protocoles adaptés pour éviter le sous-dosage comme le surdosage.
- Précautions d’emploi : interactions possibles avec certains médicaments (ex. millepertuis et CYP450), contre-indications (ex. fer en excès).
3. Qualité et sécurité : un enjeu central
Tous les compléments ne se valent pas. Trois critères doivent guider le professionnel :
- Traçabilité : origine contrôlée des matières premières.
- Standardisation : teneur garantie en principe actif (notamment pour les plantes).
- Conformité réglementaire : respect des normes européennes de sécurité et d’étiquetage.
Un complément alimentaire de qualité doit donc être prescrit avec le même sérieux qu’un médicament.
4. Compléments alimentaires et médecine intégrative
La place des compléments est particulièrement pertinente dans une approche de médecine intégrative :
- Prévention (soutien immunitaire, santé osseuse, métabolisme énergétique),
- Accompagnement thérapeutique (oncologie, troubles digestifs, santé mentale),
- Optimisation des résultats cliniques en synergie avec les traitements conventionnels.
Conclusion
Les compléments alimentaires ne sont pas de simples produits secondaires. Ce sont des agents actifs et essentiels, qui nécessitent rigueur scientifique, évaluation clinique et prescription adaptée. Leur utilisation raisonnée, dans un cadre individualisé, peut renforcer l’efficacité thérapeutique et améliorer la qualité de vie des patients.
Les compléments alimentaires ne sont pas accessoires : ce sont des outils thérapeutiques majeurs quand ils sont bien choisis, de qualité et adaptés au terrain. Ils doivent être prescrits avec autant de sérieux que des médicaments.
Source
- ANSES (2017). Avis sur les risques liés à l’utilisation de compléments alimentaires.
- EFSA (2019). Scientific Opinions on Nutrient Sources and Health Claims. European Food Safety Authority.
- Geller AI, Shehab N, Weidle NJ, et al. (2015). Emergency Department Visits for Adverse Events Related to Dietary Supplements. NEJM, 373(16):1531-1540.
- López-Sobaler AM, et al. (2021). Nutritional Supplements: Uses, Benefits, and Risks. Nutrients, 13(9):3225.
- Calder PC, et al. (2020). Optimal Nutritional Status for a Well-Functioning Immune System Is an Important Factor to Protect against Viral Infections. Nutrients, 12(4):1181.