Contexte
La carence en vitamine A (CVA) constitue l’un des problèmes nutritionnels les plus préoccupants à l’échelle mondiale, touchant près de 190 millions d’enfants de moins de 5 ans selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette carence augmente significativement le risque de morbidité et de mortalité infantiles, notamment en exposant les jeunes enfants à des infections graves comme la diarrhée, la rougeole, ou encore des troubles de la vision pouvant conduire à la cécité.
Dans ce contexte, une étude de grande envergure publiée dans le British Medical Journal (BMJ) vient renforcer les données probantes en faveur d’une stratégie de supplémentation systématique en vitamine A dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI).
Résultats clés
L’analyse porte sur 43 essais cliniques randomisés, représentant un échantillon de plus de 200 000 enfants âgés de 6 mois à 5 ans. Après ajustement pour les différences méthodologiques entre les études, les chercheurs ont observé que :
- La supplémentation en vitamine A permet une réduction de 24 % de la mortalité infantile dans les zones à risque ;
- Elle réduit de manière significative l’incidence des cas de rougeole, de diarrhée aiguë et des troubles visuels liés à la carence ;
- Elle permettrait, si appliquée à l’ensemble des enfants carencés, de sauver plus de 600 000 vies chaque année et de préserver plus de 20 millions d’années de vie ajustées sur l’incapacité (DALYs).
Recommandations
Les auteurs de l’étude estiment que les preuves actuelles sont suffisamment robustes pour cesser tout essai supplémentaire impliquant un groupe placebo, au nom de l’éthique médicale. Ils plaident pour une mise en œuvre immédiate et universelle de la supplémentation chez les enfants de moins de cinq ans dans les zones à forte prévalence de CVA.
Un éditorial publié en parallèle par des experts de la Harvard School of Public Health appuie cette recommandation et souligne l’importance de renforcer les stratégies de pérennisation, de ciblage et de suivi des programmes existants.
Implications pour les professionnels de santé
Les professionnels de santé jouent un rôle central dans la réussite de ces interventions :
- Intégration de la supplémentation dans les programmes de santé infantile, notamment en lien avec les campagnes de vaccination ;
- Formation des agents de santé communautaires pour la distribution efficace et sécurisée des suppléments ;
- Sensibilisation des familles sur les bénéfices de la vitamine A et les risques associés à sa carence ;
- Surveillance nutritionnelle pour adapter la stratégie aux besoins locaux.
Le coût très faible de cette intervention — généralement inférieur à 1 USD par enfant par an — en fait une mesure de santé publique hautement rentable, avec un impact démontré sur la survie et la qualité de vie des enfants.
Conclusion
La supplémentation en vitamine A est une intervention fondée sur des preuves solides, éthiquement incontournable et logiquement prioritaire dans les pays confrontés à la malnutrition infantile. Il appartient désormais aux gouvernements, aux agences de santé et aux professionnels du secteur de mettre en œuvre des politiques nationales efficaces pour garantir un accès universel, durable et équitable à cette mesure préventive.
Source :
Matériaux fournis par BMJ – British Medical Journal. Remarque : le contenu peut être édité pour le style et la longueur.
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E. Mayo-Wilson, A. Imdad, K. Herzer, M. Y. Yakoob, Z. A. Bhutta. Suppléments en vitamine A pour la prévention de la mortalité, des maladies et de la cécité chez les enfants de moins de 5 ans : revue systématique et méta-analyse. BMJ, 2011; 343 (25 août 1): d5094. DOI : 10.1136/bmj.d5094
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A. Thorne-Lyman, W. W. Fawzi. Améliorer la survie des enfants grâce à la supplémentation en vitamine A. BMJ, 2011; 343 (25 août 1): d5294. DOI : 10.1136/bmj.d5294