Une équipe de chercheurs de l’Université du Sichuan a mis au point une approche novatrice et non invasive pour la gestion du poids : des microbilles comestibles à base de polyphénols de thé vert, de vitamine E et d’un polymère d’algue. Cette technologie, testée avec succès chez le rat, vise à réduire l’absorption des graisses dans l’intestin tout en évitant les effets secondaires des traitements classiques tels que l’orlistat ou la chirurgie bariatrique.
Les résultats ont été présentés par Yue Wu, doctorante, lors du congrès numérique de l’American Chemical Society (ACS) Fall 2025.
Une alternative prometteuse aux interventions invasives
Les approches conventionnelles de la perte de poids, telles que la chirurgie bariatrique ou les inhibiteurs enzymatiques comme l’orlistat, bien qu’efficaces, présentent souvent des effets indésirables graves (dommages hépatiques ou rénaux, troubles gastro-intestinaux). L’équipe dirigée par Wu a souhaité contourner ces limites en développant une solution douce, compatible avec les habitudes alimentaires courantes.
Un mode d’action mécanique dans le tractus digestif
Les microbilles ont été élaborées à partir de composés 100 % alimentaires et approuvés par la FDA :
- Polyphénols de thé vert et vitamine E : formant des liaisons chimiques avec les gouttelettes de graisse partiellement digérées, empêchant leur absorption intestinale.
- Enrobage d’alginate (dérivé d’algues) : protège les billes dans l’estomac et permet leur expansion dans l’intestin, où l’action de capture des graisses s’opère.
L’idée ? Créer une interaction physique avec les lipides, sans perturber les enzymes digestives ni altérer le métabolisme systémique.
Des résultats précliniques significatifs
Le protocole expérimental a inclus 24 rats, répartis en trois groupes :
- Groupe 1 : alimentation riche en graisses (60 % de lipides) + microbilles
- Groupe 2 : alimentation riche en graisses seule
- Groupe 3 : alimentation standard (10 % de lipides)
Après 30 jours, les rats du groupe 1 ont perdu 17 % de leur poids corporel total, tout en présentant :
- Une réduction du tissu adipeux viscéral
- Moins de lésions hépatiques
- Une excrétion fécale accrue des graisses, sans effets secondaires intestinaux notables
Un quatrième groupe traité à l’orlistat a permis d’établir la tolérance supérieure des microbilles : les rats présentaient une excrétion lipidique similaire, mais sans les troubles gastro-intestinaux associés à l’orlistat.
Vers une application humaine et alimentaire
Les microbilles sont quasiment insipides et pourraient être intégrées à des aliments du quotidien, comme des desserts ou des boissons (type « bubble tea »). Le développement industriel a déjà commencé, en collaboration avec une entreprise de biotechnologie. Tous les composants sont facilement industrialisables.
Un essai clinique préliminaire est en cours à l’Hôpital de l’Ouest de la Chine (Université du Sichuan), avec 26 participants déjà recrutés.
Conclusion pour la pratique clinique
Cette technologie à base de microbilles végétales pourrait représenter une avancée majeure dans la prévention et la prise en charge de l’obésité, notamment chez les patients réticents à des interventions invasives ou à risque élevé d’effets secondaires médicamenteux.
Pour les professionnels de santé, il s’agit d’un développement à suivre de près, qui pourrait s’intégrer dans une stratégie de gestion personnalisée du poids, en complément de l’éducation nutritionnelle et du suivi métabolique.
Source:
Matériaux fournis par l’American Chemical Society