Le régime cétogène, une nouvelle arme contre le cancer du pancréas ?
Une étude récente sur le jeûne et le régime cétogène révèle une nouvelle vulnérabilité des tumeurs du pancréas à un médicament anticancéreux existant.
Des scientifiques de l’Université de Californie à San Francisco ont découvert que le régime cétogène, riche en graisses, peut bloquer la croissance des tumeurs du pancréas en les privant de leur source de nourriture. Lorsque les souris suivent ce régime et reçoivent un traitement anticancéreux, les tumeurs cessent de croître.
L’équipe de recherche a fait cette découverte en étudiant comment l’organisme se nourrit de graisses pendant un jeûne. Ils ont découvert que la protéine eIF4E modifie le métabolisme de l’organisme pour passer à la consommation de graisses pendant le jeûne. Le même changement se produit également lorsqu’un animal suit un régime cétogène.
Des carburants différents dans le moteur de la cellule
L’homme peut survivre pendant des semaines sans manger, en partie parce que le corps brûle les graisses stockées. Pendant le jeûne, le foie convertit les graisses en corps cétoniques qu’il utilise à la place du glucose, la source d’énergie normale de l’organisme.
L’équipe de recherche a constaté que l’eIF4E dans le foie devenait plus actif, alors même que le foie interrompait ses autres activités métaboliques, ce qui suggère que ce facteur est impliqué dans la production de corps cétoniques, un processus appelé cétogénèse.
Le talon d’Achille du cancer du pancréas
Les scientifiques ont d’abord traité le cancer du pancréas avec un médicament anticancéreux appelé eFT508 qui désactive l’eIF4E, dans l’intention de bloquer la croissance de la tumeur. Pourtant, les tumeurs pancréatiques ont continué à se développer, alimentées par d’autres sources de carburant telles que le glucose et les hydrates de carbone.
Sachant que le cancer du pancréas peut se développer grâce aux graisses et que l’eIF4E est plus actif lors de la combustion des graisses, les scientifiques ont d’abord soumis les animaux à un régime cétogène, forçant ainsi les tumeurs à ne consommer que des graisses, puis ils les ont mis sous traitement anticancéreux. Dans ce contexte, le médicament a coupé la seule source de nourriture des cellules cancéreuses – et les tumeurs ont diminué.
Cette découverte ouvre un point de vulnérabilité que nous pouvons traiter avec un inhibiteur clinique dont nous savons déjà qu’il est sans danger pour l’homme. Nous disposons désormais de preuves solides d’un moyen d’utiliser le régime alimentaire en complément de thérapies anticancéreuses préexistantes afin d’éliminer précisément un cancer.
Différentes combinaisons régime-médicament seront nécessaires pour traiter d’autres formes de cancer. Mais pour établir un lien productif entre ces deux éléments, il faut connaître le mécanisme.