Une récente analyse nutritionnelle, publiée dans la revue Nutrients le 9 juin, met en évidence une carence généralisée dans les apports alimentaires de la population américaine : cinq nutriments essentiels sont régulièrement consommés en quantités insuffisantes. Il s’agit de la vitamine D, de la vitamine E, des fibres, du calcium et du magnésium.
Ces carences, bien qu’elles puissent sembler modérées à l’échelle individuelle, ont des répercussions significatives sur la santé publique. Les apports inadéquats en micronutriments sont associés à un risque accru de maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et certains cancers, selon Carlene Starck, biochimiste et chercheuse en nutrition chez FOODiQ Global.
Une alimentation énergétique, mais pauvre en nutriments essentiels
Les données proviennent d’une vaste enquête nutritionnelle menée à l’échelle nationale aux États-Unis. L’analyse, qui portait sur la consommation de 24 nutriments, a mis en évidence des déficits récurrents dans ces cinq éléments clés, malgré une alimentation souvent riche en calories. Le régime alimentaire occidental standard, très énergétique, est ainsi déséquilibré du point de vue micro-nutritionnel.
Ces nutriments – vitamine D, vitamine E, fibres, calcium et magnésium – interviennent dans de nombreux processus physiologiques : santé osseuse, fonction immunitaire, régulation métabolique, santé intestinale et protection antioxydante. Leur déficit chronique contribue à une vulnérabilité accrue aux pathologies évitables.
Une approche nutritionnelle globale à privilégier
Selon les chercheurs, ces carences ne peuvent pas être corrigées efficacement par des suppléments pris isolément. Les essais cliniques sur les vitamines D et E sous forme de compléments n’ont pas montré de bénéfices constants sur la santé. Le Pr Sander Kersten, chercheur à Cornell, rappelle que “nous avons besoin de nutriments, mais nous mangeons des aliments.”
L’approche recommandée est donc alimentaire et intégrative. Plutôt que de cibler chaque nutriment individuellement, il est préférable de concevoir des repas qui apportent plusieurs de ces éléments à la fois. Par exemple, un repas combinant avocat, saumon et pain complet offre un apport croisé en fibres, vitamine E, vitamine D et magnésium.
Implications pour les professionnels de santé
Pour les professionnels de santé, ce constat est l’occasion de renforcer l’éducation nutritionnelle et l’accompagnement des patients sur la qualité globale de leur alimentation. Il ne s’agit pas uniquement de « manger mieux », mais de corriger des déséquilibres structurels qui ont un impact à long terme sur la santé. Cela peut inclure :
- La promotion des aliments naturellement riches en nutriments (légumes, noix, produits laitiers, poissons gras, céréales complètes).
- L’intégration de conseils nutritionnels personnalisés dans les soins de santé primaires.
- Le repérage précoce des populations à risque de carences silencieuses.
En conclusion, ce travail de recherche rappelle un fait fondamental : l’alimentation moderne reste insuffisante sur le plan nutritionnel. Il appartient aux professionnels de santé de sensibiliser, prévenir et accompagner le retour vers une alimentation complète, équilibrée et durable, en tenant compte du contexte de vie global des patients.
Source :
C.S. Starck et al. « Identification des nutriments prioritaires aux États-Unis : cibler la malnutrition pour lutter contre les maladies liées à l’alimentation tout au long de la vie ». Nutrients. Publié en ligne le 9 juin 2025.
DOI : 10.3390/nu17121957