La neuroinflammation désigne une activation anormale ou persistante des cellules immunitaires du cerveau, principalement la microglie et les astrocytes.
Longtemps considérée comme un phénomène rare lié aux infections ou aux traumatismes, elle est aujourd’hui reconnue comme un facteur central dans l’anxiété, la dépression, les troubles cognitifs et de nombreuses maladies neurodégénératives.
Lorsque l’inflammation devient diffuse et chronique, elle altère directement la communication neuronale et affecte les circuits de l’humeur et de la cognition.
1. Microglie activée : quand l’immunité du cerveau se dérègle
La microglie est le système immunitaire interne du cerveau. En situation normale, elle protège, répare et surveille les tissus.
Mais sous l’effet du stress chronique, des toxines, des infections silencieuses ou d’un microbiote altéré, elle reste en mode “alarme”.
Conséquences :
- libération excessive de cytokines inflammatoires,
- perturbation des synapses,
- baisse de la plasticité neuronale,
- dérèglement des circuits de l’humeur et de la motivation.
Une microglie hyperactive suffit à installer anxiété, apathie et ralentissement cognitif.
2. Lien direct avec anxiété et dépression
La neuroinflammation modifie la chimie du cerveau :
- baisse de la sérotonine,
- perturbation du métabolisme du tryptophane,
- diminution de la dopamine et de la noradrénaline,
- diminution du BDNF, essentiel à la neuroplasticité.
Elle entraîne :
- une hypersensibilité émotionnelle,
- une rumination mentale accrue,
- une anticipation négative,
- un état anxiodépressif résistant.
Certaines personnes ne souffrent pas d’un déficit “psychologique” mais d’une inflammation cérébrale.
3. Déclin cognitif silencieux
La neuroinflammation affecte les zones impliquées dans :
- la mémoire,
- la concentration,
- la vitesse de traitement mental,
- la prise de décision.
Un terrain neuroinflammatoire prolongé favorise même :
- la résistance à l’insuline cérébrale,
- l’accumulation de protéines anormales,
- la perte progressive des connexions neuronales.
C’est l’un des mécanismes les plus précoces de l’altération cognitive.
4. Origines : un phénomène rarement isolé
Les principales sources de neuroinflammation incluent :
- un microbiote déséquilibré (axe intestin-cerveau perturbé),
- une perméabilité intestinale accrue,
- une alimentation pro-inflammatoire,
- le stress chronique,
- le manque de sommeil profond,
- les polluants, métaux lourds et toxines environnementales,
- les infections latentes (EBV, HSV…).
C’est un phénomène systémique qui finit par se projeter dans le cerveau.
Conclusion
La neuroinflammation n’est pas un processus secondaire : c’est un déterminant majeur de l’humeur, de la clarté mentale et de la résilience neurologique.
En comprenant ses origines et ses effets, il devient possible d’agir en amont — via le microbiote, l’hygiène de vie, le sommeil et la réduction du stress — avant que n’apparaissent anxiété chronique, troubles dépressifs ou déclin cognitif.
Protéger le cerveau commence par réduire son inflammation silencieuse.
Références
- Miller AH, Raison CL. The role of inflammation in depression: from evolutionary imperative to modern treatment target. Nature Reviews Immunology.
- Haroon E, Dantzer R. Inflammation, immunity and depression: an update. Brain, Behavior, and Immunity.
- Heneka MT et al. Neuroinflammation in Alzheimer’s disease. The Lancet Neurology.
- Qin L et al. Systemic inflammation and microglial activation. Journal of Neuroinflammation.
