Une innovation issue de la recherche universitaire chinoise propose une approche prometteuse dans la prise en charge du surpoids et de l’obésité, en agissant directement au niveau intestinal sans recourir à des traitements médicamenteux agressifs ou à des interventions chirurgicales.
Sichuan, Chine – Septembre 2025
Des chercheurs de l’Université du Sichuan ont mis au point un dispositif nutritionnel innovant : des microbilles comestibles d’origine végétale capables de piéger les graisses alimentaires dans l’intestin. Ces microbilles sont composées de polyphénols de thé vert, de vitamine E et d’un polymère naturel dérivé d’algues marines. Elles agissent de manière ciblée dans le tractus gastro-intestinal, en réduisant l’absorption des lipides tout en minimisant les effets secondaires souvent observés avec les traitements pharmacologiques classiques.
Cette recherche, menée par Yue Wu, doctorante, et présentée au congrès annuel de l’American Chemical Society (ACS Fall 2025), s’inscrit dans une volonté de développer des interventions mieux tolérées, adaptées aux habitudes alimentaires courantes et compatibles avec une prise en charge durable de l’obésité.
Mécanisme d’action des microbilles
Les microbilles sont obtenues par auto-assemblage des polyphénols de thé vert et de la vitamine E, formant des structures sphériques capables de lier chimiquement les lipides alimentaires. Ces sphères sont ensuite recouvertes d’un polymère d’algue, destiné à protéger les composés actifs de l’environnement acide de l’estomac.
Une fois dans l’intestin, le revêtement se dissout, permettant aux polyphénols de se fixer aux graisses partiellement digérées. Les complexes ainsi formés ne sont pas absorbés par l’organisme et sont excrétés par voie fécale.
Données précliniques chez le rat
L’équipe de recherche a évalué l’efficacité de ces microbilles dans un modèle animal de régime hyperlipidique (60 % de matières grasses). Trois groupes de rats (n=8 par groupe) ont été suivis sur une période de 30 jours :
- Groupe contrôle avec régime standard (10 % de lipides),
- Groupe hyperlipidique sans traitement,
- Groupe hyperlipidique avec administration quotidienne de microbilles.
Les résultats montrent que les rats traités avec les microbilles ont perdu en moyenne 17 % de leur poids corporel initial. Comparativement aux autres groupes, ils présentaient également :
- Une réduction significative de la masse adipeuse,
- Une diminution des lésions hépatiques liées à l’accumulation de lipides,
- Une augmentation de l’excrétion fécale de graisses,
- L’absence d’effets secondaires gastro-intestinaux observés dans un groupe de comparaison traité par orlistat.
Vers une application clinique
Tous les composants des microbilles sont reconnus comme sûrs (food grade) et déjà approuvés par la FDA. La technologie est facilement industrialisable, ce qui ouvre la voie à un développement à grande échelle. Un essai clinique préliminaire a été lancé en partenariat avec l’Hôpital de l’Ouest de la Chine (West China Hospital, Sichuan University), avec 26 participants actuellement recrutés.
Les premiers résultats cliniques sont attendus d’ici l’année prochaine. Les chercheurs envisagent également une intégration alimentaire simple, sous forme de billes de type « boba » pouvant être ajoutées à des boissons ou des aliments courants, afin de favoriser l’adhésion et l’intégration dans la vie quotidienne des patients.
Implications pour les professionnels de santé
Cette innovation s’inscrit dans une approche de médecine nutritionnelle préventive. Elle pourrait représenter un outil complémentaire pour la prise en charge de l’obésité, particulièrement chez les patients ne répondant pas bien aux approches conventionnelles, ou ceux présentant des contre-indications aux traitements médicamenteux.
Si les résultats cliniques confirment les effets observés en préclinique, cette technologie pourrait trouver sa place dans les protocoles de prise en charge personnalisés, en particulier dans la prévention des complications métaboliques de l’obésité (diabète de type 2, stéatopathie métabolique, maladies cardiovasculaires).
Source :
La recherche a été financée par le Programme national clé de R&D de Chine ; le Fonds national des jeunes scientifiques d’excellence ; la Fondation nationale des sciences naturelles de Chine ; le Programme des talents de la province du Sichuan ; le Plan “Double First-Class University” de l’Université du Sichuan ; le Laboratoire d’État des matériaux polymères ; le Programme Tianfu Emei de la province du Sichuan ; le Financement spécial postdoctoral de la province du Sichuan ; le Financement postdoctoral de l’Université du Sichuan ; le Laboratoire clé du ministère de l’Éducation en chimie et ingénierie du cuir ; et le Centre national de recherche en ingénierie pour les technologies propres dans l’industrie du cuir.