L’iode est un élément trace indispensable à la synthèse des hormones thyroïdiennes — thyroxine (T4) et triiodothyronine (T3) — qui régulent le métabolisme énergétique, la croissance, le développement cérébral et le fonctionnement hormonal global.
Bien que présent en très faible quantité dans l’organisme (environ 20 à 30 mg), son rôle physiologique est majeur : sans iode, la glande thyroïde ne peut pas fonctionner correctement.
Un déficit encore fréquent, même dans les pays développés
Contrairement à une idée reçue, la carence en iode n’a pas disparu. Malgré l’iodation du sel de table, les études récentes montrent une baisse des apports dans de nombreuses populations, notamment :
- les femmes enceintes et allaitantes, dont les besoins sont accrus ;
- les personnes évitant le sel pour des raisons cardiovasculaires ;
- les consommateurs de produits ultra-transformés (souvent fabriqués avec du sel non iodé) ;
- et les végétariens ou végans, qui consomment peu de produits de la mer.
Certains polluants (fluor, chlore, bromure) entravent aussi l’absorption de l’iode en entrant en compétition avec lui au niveau thyroïdien — un phénomène connu sous le nom d’effet halogène compétitif.
Rôle central de l’iode dans le métabolisme
Les hormones thyroïdiennes T3 et T4, dérivées de la tyrosine et de l’iode, influencent presque tous les tissus de l’organisme.
Elles régulent :
- le métabolisme de base (dépense énergétique, thermogenèse),
- la lipolyse et la synthèse protéique,
- la croissance osseuse et musculaire,
- la fertilité et la régulation hormonale,
- et le développement neurologique du fœtus et de l’enfant.
Un apport insuffisant en iode entraîne une diminution de la production de T3 et T4, ce qui provoque une élévation compensatoire de la TSH (hormone hypophysaire stimulant la thyroïde). Ce déséquilibre conduit progressivement à une hypothyroïdie fonctionnelle.
Conséquences physiologiques de la carence en iode
1. Fatigue et lenteur métabolique
Un déficit thyroïdien ralentit le métabolisme cellulaire, entraînant fatigue chronique, frilosité, prise de poids et baisse de concentration.
2. Prise de poids et obésité métabolique
La réduction du métabolisme de base freine la combustion des graisses, favorisant la prise de masse grasse et la résistance à l’insuline.
3. Troubles hormonaux et infertilité
Chez la femme, le déficit en iode perturbe la fonction ovarienne, le cycle menstruel et la fertilité.
Pendant la grossesse, il augmente le risque de fausse couche, retard de croissance fœtale et troubles neurocognitifs chez l’enfant.
4. Conséquences neurologiques
Chez l’enfant, le manque d’iode durant la gestation peut causer des atteintes irréversibles : retard mental, troubles du langage ou du développement moteur.
Diagnostic et prévention
Le dosage de l’iode urinaire (iodurie) reste la méthode de référence pour évaluer le statut iodé.
Les valeurs normales varient entre 100 et 200 µg/L chez l’adulte, et doivent être plus élevées chez la femme enceinte.
Pour prévenir la carence, il est essentiel de :
- privilégier le sel iodé non raffiné,
- consommer poissons, fruits de mer, algues marines,
- inclure des œufs et produits laitiers dans l’alimentation,
- éviter les excès de fluor et de chlore dans l’eau et les dentifrices.
En cas de carence confirmée, une supplémentation contrôlée peut être envisagée sous supervision médicale, car un excès d’iode peut également induire des troubles thyroïdiens.
Iode et santé publique : un enjeu mondial
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère encore la carence iodée comme la première cause évitable de retard mental dans le monde.
Même dans les pays industrialisés, la baisse de la consommation de sel iodé et la dégradation des habitudes alimentaires justifient une surveillance épidémiologique constante.
Conclusion
L’iode est un régulateur discret mais fondamental du métabolisme et de la vitalité.
Sa carence, souvent silencieuse, agit comme un frein biologique global : fatigue, obésité, troubles hormonaux, infertilité.
Une approche nutritionnelle préventive, fondée sur la qualité de l’alimentation et la connaissance des besoins individuels, demeure la meilleure stratégie pour préserver la santé thyroïdienne et métabolique à long terme.
L’iode est indispensable à la thyroïde et au métabolisme global. Sa carence, fréquente même en pays développés, alimente fatigue, obésité et infertilité.
Sources / Références :
- Organisation mondiale de la santé – Global Report on Iodine Deficiency Disorders, 2023
- The Lancet Endocrinology – Iodine Status and Thyroid Function in Developed Countries, 2024
- Inserm – Carence en iode : impact sur la santé métabolique et reproductive, 2022
- Revue Française d’Endocrinologie – Iode et thyroïde : équilibre, prévention et enjeux de santé publique, 2023