La stéatose hépatique, caractérisée par une accumulation excessive de graisse dans le foie, est un problème de santé mondial de plus en plus préoccupant. Une nouvelle étude de l’université Fujita Health University met en lumière le rôle crucial des hormones intestinales dans la prévention de cette maladie. Cette recherche ouvre des perspectives pour de nouvelles stratégies thérapeutiques.
Le rôle des peptides dérivés du proglucagon (PGDP)
Les peptides dérivés du proglucagon (PGDP), notamment le glucagon, le GLP-1 et le GLP-2, sont connus pour réguler le métabolisme des lipides dans le foie. Ces hormones sont issues du même précurseur, le proglucagon. Bien que leur rôle dans l’accumulation des graisses soit connu, les mécanismes précis restaient à élucider. Une étude récente a examiné l’impact de ces hormones sur l’absorption des graisses et l’accumulation de graisses dans le foie à l’aide de souris génétiquement modifiées déficientes en PGDP (souris GCGKO).
Une étude sur des souris révèle des résultats importants
Les résultats de cette étude publiée dans la revue Nutrients le 14 juillet 2024, montrent que chez les souris GCGKO, soumises à un régime riche en graisses (HFD) pendant une semaine, l’augmentation des acides gras libres (FFA) et des triglycérides dans le foie est significativement plus faible. De plus, le poids du tissu adipeux est réduit. Ces effets sont attribués à une diminution de l’absorption des lipides via la voie CD36 dans l’intestin, malgré une capacité réduite de combustion des graisses (β-oxydation) dans le foie.
- L’étude a également révélé une diminution de l’expression des gènes impliqués dans l’oxydation des acides gras chez les souris GCGKO nourries avec un régime riche en graisses.
- Les niveaux d’ARNm de Pparα et Cd36, impliqués dans l’absorption des graisses, étaient réduits dans le duodénum, corrélant avec une diminution de l’absorption des graisses dans l’intestin et une augmentation du contenu en cholestérol dans les selles.
- La réduction de l’absorption des graisses dans l’intestin, plutôt que l’activité de combustion des graisses dans le foie, est le principal facteur de prévention de l’accumulation de graisse hépatique.
De plus, les souris GCGKO présentaient des taux de triglycérides plasmatiques plus faibles lors du test de tolérance aux graisses par voie orale (OFTT), confirmant une absorption réduite des lipides.
Microbiote intestinal et implications thérapeutiques
L’étude met également en évidence la relation complexe entre l’alimentation, les réponses hormonales et le microbiote intestinal. Les souris GCGKO nourries avec un régime riche en graisses ont montré des modifications notables de leur flore intestinale, avec une augmentation de Parabacteroides et une diminution de Lactobacillus, tous deux liés à la résistance à l’obésité.
Ces résultats suggèrent que des interventions diététiques et hormonales pourraient être envisagées pour améliorer la santé intestinale et la fonction métabolique. Les chercheurs envisagent des thérapies à base d’antagonistes oraux de GLP-2 et de glucagon, pour cibler l’obésité et la stéatose hépatique.
Conclusion
Cette étude met en évidence le rôle fondamental des PGDP dans l’absorption des graisses au niveau intestinal et leur impact sur la stéatose hépatique. Elle ouvre la voie à de nouvelles approches thérapeutiques ciblées, notamment par des interventions diététiques et hormonales, afin de lutter contre cette maladie en pleine expansion. Les recherches futures se concentreront sur une compréhension plus détaillée de la manière dont les PGDP régulent l’absorption des lipides afin de pouvoir recommander des régimes moins propices à l’obésité et à la stéatose hépatique.