Les avancées thérapeutiques les plus marquantes de la médecine moderne trouvent souvent leur origine dans la nature. Aspirine, morphine, taxol… Autant de molécules ayant changé le paysage médical et toutes issues du vivant. Dans cette lignée, une nouvelle découverte attire aujourd’hui l’attention de la communauté scientifique et médicale : une molécule présente dans la goyave pourrait offrir une alternative thérapeutique innovante contre le cancer du foie.
L’équipe du Pr William Chain, chercheur en chimie organique à l’Université du Delaware, a mis au point un procédé de synthèse totale permettant de recréer en laboratoire des molécules naturelles issues de la goyave, connues pour leurs propriétés anticancéreuses. Ce procédé, publié dans la revue Angewandte Chemie, permet la production à grande échelle et à faible coût de ces composés naturels, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle génération de traitements anticancéreux.
Le cancer du foie, notamment le carcinome hépatocellulaire, est l’un des plus meurtriers au monde. Les traitements actuels sont limités, coûteux et souvent peu efficaces à un stade avancé. Aux États-Unis, on estime qu’en 2025, plus de 42 000 nouveaux cas seront diagnostiqués, pour plus de 30 000 décès. À l’échelle mondiale, l’incidence continue d’augmenter.
Face à cette urgence sanitaire, la possibilité de synthétiser des molécules naturelles aux propriétés thérapeutiques ciblées constitue une avancée majeure. Le laboratoire de Chain propose une « recette » de synthèse reproductible par d’autres chercheurs, facilitant la recherche collaborative à l’échelle internationale.
« La majorité des médicaments approuvés sont dérivés de produits naturels. Mais il n’existe pas toujours de ressources suffisantes pour les produire à grande échelle. Grâce à notre méthode, d’autres chercheurs peuvent reproduire ces composés à moindre coût », explique le Pr Chain.
Actuellement, l’équipe collabore avec le National Cancer Institute afin d’explorer le potentiel de ces molécules contre d’autres types de cancers. Si les résultats se confirment, cette approche pourrait transformer durablement les options thérapeutiques contre les cancers hépatiques.
Professionnels de santé, oncologues, pharmaciens et chercheurs sont donc invités à suivre de près cette percée scientifique, qui pourrait redéfinir les standards de traitement dans les années à venir. Une avancée à la croisée de la nature, de la chimie de synthèse et de la médecine de demain.
Source :
Matériel fourni par l’Université du Delaware.
Référence de l’article :
Liam P. O’Grady, Marcel Achtenhagen, Michael F. Wisthoff, Robert S. Lewis, Katarina Pfeifer, Weifeng Zheng, Maxwell I. Martin, Glenn P. A. Yap, William J. Chain. Synthèse totale énantiosélective de (–)-Psiguadial A. Angewandte Chemie, 2025 ; 137 (30). DOI : 10.1002/ange.202506537