Une étude prospective de grande envergure, parue dans The BMJ, met en évidence une association significative entre la consommation de pommes de terre sous forme de frites et une augmentation du risque de diabète de type 2. Cette recherche, fondée sur les données de plus de 205 000 professionnels de santé américains suivis sur une période de près de 40 ans, apporte un éclairage nouveau sur l’influence des méthodes de préparation des aliments dans la prévention des maladies métaboliques.
Résultats principaux
- La consommation de trois portions hebdomadaires de frites est associée à une augmentation de 20 % du risque de diabète de type 2.
- En revanche, la consommation de pommes de terre bouillies, en purée ou cuites au four n’est pas liée à une élévation significative du risque.
- De manière globale, chaque augmentation de trois portions hebdomadaires de pommes de terre (toutes formes confondues) est associée à une hausse de 5 % du risque.
Effet des substitutions alimentaires
Les chercheurs ont également analysé les effets de la substitution des pommes de terre par d’autres sources de glucides :
- Substitution par des céréales complètes : réduction du risque de diabète de type 2 de 8 % pour les pommes de terre en général, et de 19 % pour les frites spécifiquement.
- Substitution par du riz blanc : associée à une augmentation du risque, en particulier lorsqu’il remplace les pommes de terre bouillies, en purée ou au four.
Méthodologie
L’étude repose sur l’analyse de trois grandes cohortes américaines (Nurses’ Health Study, Nurses’ Health Study II et Health Professionals Follow-up Study) regroupant exclusivement des individus exempts de diabète, de maladies cardiovasculaires et de cancer au moment de leur inclusion. Les données alimentaires ont été collectées via des questionnaires validés mis à jour tous les quatre ans, de 1984 à 2021. Un total de 22 299 cas de diabète de type 2 ont été recensés au cours du suivi.
Limitations
Bien que les résultats soient robustes et ajustés pour de nombreux facteurs de confusion (activité physique, IMC, tabagisme, autres habitudes alimentaires), il s’agit d’une étude observationnelle, qui ne permet pas d’établir un lien de causalité direct. Par ailleurs, la population étudiée — composée majoritairement de professionnels de santé d’origine européenne — limite l’extrapolation à d’autres groupes démographiques.
Conséquences cliniques
Cette étude renforce l’importance d’intégrer la méthode de préparation des aliments dans les conseils nutritionnels. Elle souligne également la pertinence des substitutions alimentaires qualitatives : remplacer les frites ou les féculents raffinés par des céréales complètes pourrait constituer un levier efficace dans la prévention du diabète de type 2.
Il est recommandé aux professionnels de santé de :
- Privilégier les formes peu transformées de pommes de terre (bouillies, en purée sans matières grasses ajoutées, ou au four).
- Limiter la consommation de frites, en particulier chez les patients à risque de troubles métaboliques.
- Encourager la consommation de céréales complètes comme source principale de glucides complexes dans l’alimentation quotidienne.
Source: Mousavi S.M., Gu X., Imamura F., et coll.
Consommation totale et spécifique de pommes de terre et risque de diabète de type 2 : résultats de trois études de cohorte américaines et méta-analyse de substitution d’études de cohorte prospectives. BMJ, 2025 ; DOI : 10.1136/bmj-2024-082121.