Les secrétions salivaires dans la santé et la maladie


Dans sa célèbre expérience, le psychologue Pavlov a découvert le concept de conditionnement classique basé sur la stimulation de la production salivaire chez le chien. Il identifia la relation entre la nourriture et la sécrétion salivaire. Ce conditionnement associatif est très présent chez l’humain, d’ailleurs l’effet placebo se base en partie sur le conditionnement associatif.

Cependant, bien avant le 15ème siècle la médecine chinoise décrivait déjà la relation de la salive avec l’état global de santé. L’ancienne médecine traditionnelle chinoise a conclu que l’épaisseur et l’odeur de la salive, ainsi que les symptômes gustatifs des patients, sont tous des indicateurs de l’état physiologique ou pathologique de l’organisme.

A partir du 19ème siècle, les chercheurs ont confirmé ce que les anciens connaissaient sur la salive par les nouvelles technologies de la biologie moléculaire (transcriptomique, protéomique, taxonomie…etc.).

Qu’est-ce que la salive ?

La salive est un fluide complexe produit par trois paires de glandes salivaires majeures et par des centaines de glandes salivaires mineures.

Glandes salivaires : 1. parotide, 2. sous-mandibulaire, 3. sublingual.

Elle forme un film protecteur couvrant les dents et les muqueuses créant et régulant un environnement sain dans la cavité buccale, mais pas que :

– Elle facilite la mastication, par des propriocepteurs et / ou des nocicepteurs au niveau le ligament alvéolo-dentaire.

– Facilite la déglutition par la lubrification du bol alimentaire et facilite sa progression à travers le pharynx, l’œsophage jusqu’à l’estomac.

– De plus par les sucs qu’elle contient, elle participe à la digestion et la bonne assimilation des éléments nutritifs nécessaires à l’organisme.

– La salive est aussi un indicateur de santé majeur par son microbiome qui se compose généralement de bactéries non pathogènes.

Alors que la majorité des études sur le microbiote concernent le microbiote intestinal, il existe de plus en plus d’évidence de l’importance du microbiote salivaire dans la mise en évidence, diagnostic et le pronostic de plusieurs pathologies. Il faut noter qu’une fraction dominante du microbiote dans la salive est semblable à celle de la muqueuse buccale, de la gorge et des amygdales et comprend des bactéries adhérentes aux cellules épithéliales libérées par ces surfaces muqueuses.

La salive contient également un microbiote provenant des niches supra et sous-gingivales. Les principaux phylums bactériens de la salive sont les actinobactéries, les bactéroïdes, les firmicutes, les fusobactéries et les protéobactéries. Il s’agit du plus grand réservoir microbien car il interagit avec les microbiomes d’autres parties de l’organisme (en particulier le microbiome intestinal) mais aussi parce qu’à travers de sa flore les arbres phylogéniques peuvent s’établir.

Les organismes du microbiome salivaire résident dans les trois principales glandes salivaires. Ces glandes sécrètent des électrolytes, des protéines, du matériel génétique, des polysaccharides et d’autres molécules. La plupart de ces substances pénètrent dans les tissus environnants via les fluides tissulaires intermédiaires.

La dysbiose du microbiome salivaire et sa relation avec les pathologies :

Les niveaux de chaque composant salivaire varient considérablement en fonction de l’état de santé de l’individu et de la présence d’organismes pathogènes et commensaux.

L’échantillonnage de la salive peut constituer un moyen non invasif pour détecter de nombreux déséquilibres notamment, les modifications au niveau du microbiote intestinal (à l’origine d’une large gamme de maladies autoimmunes, inflammatoires et métaboliques) et gastrique. En effet, plusieurs études ont mis en évidence la présence de l’helicobacter pilori dans la salive par exemple.

Les profils des microbiotes salivaires sont corrélés à ceux des selles bien que les communautés bactériennes diffèrent considérablement. Par conséquent, la salive peut être une alternative utile aux selles comme indicateur de la dysbiose.

Le niveau de prolifération de certaines espèces telles que : acinetobacter, klebsiella ou enterobacteriaceae sont corrélées à la protéine C réactive sérique chez des sujets immunodéprimés.

La concentration en sucre dans les sécrétions salivaires peut varier considérablement. La glycémie se reflète dans les sécrétions des glandes salivaires. De plus, il est bien connu que les sécrétions des glandes salivaires contenant des taux élevés de sucre modifient le microbiome de la bouche et contribuent à la création d’un environnement propice à la formation de caries dentaires et d’inflammations de toutes sortes. Cette dernière contribuera à entretenir et aggraver l’inflammation chronique systémique.

 

Références :

1- https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0003996917302406

2- https://www.researchgate.net/publication/51442569_Contribution_of_umami_taste_substances_in_human_salivation_during_meal

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