Etudes scientifiques : ont elles toutes le même niveau de preuve ?

Le niveau de preuve scientifique ou la médecine factuelle (based-evidence medicine) :
Savez-vous que toutes les études scientifiques ne se valent pas ? Comment reconnaître les études avec un haut niveau de preuve ?
C’est un sujet très important car devant deux études qui prouvent la thèse et l’antithèse, la quelle va t on choisir ?
En écartant l’hypothèse du conflit d’intérêt et de la manipulation des résultats et en supposant que les 2 études sont méthodologiquement irréprochables. Alors à ce moment là, il faudra les classer selon leur niveau de preuve scientifique, ou en d’autre terme par rapport à leur niveau de recevabilité scientifique.
Il s’agit de choix méthodologiques qui fondent la structure intrinsèque de l’étude.
1- La façon de choisir l’échantillon de sujets qui vont participer à l’étude est important dans la détermination du niveau de preuve, les échantillons totalement aléatoires confèrent à l’étude une vraie puissance de preuve. Il existe 3 types d’études par rapport au choix des participants:
– Essai contrôlé randomisé
– Essai contrôlé semi-randomisé
– Etude non randomisée
2- Il y a aussi un deuxième facteur très important qui est la notion de l’aveugle et du double aveugle. Une étude expérimentale est réalisée en aveugle quand les sujets, à la fois du groupe expérimental et du groupe contrôle, n’ont pas connaissance à quel groupe ils appartiennent. Ils peuvent recevoir le placebo ou l’élément à tester sans pouvoir faire la différence. Une étude en double aveugle est une étude expérimentale où même les chercheurs ne connaissent pas le groupe contrôle et le groupe expérimental. Les sujets ne savent pas s’ils ont reçu le placebo ou l’élément à tester, et les chercheurs non plus.
Une étude en double aveugle est bien entendu plus puissante qu’une étude en aveugle qui elle même est plus puissante qu’une étude sans aveugle.
3- La détermination du risque de première et de seconde espèce est un facteur déterminant également dans la détermination du niveau de recevabilité de l’étude. Les notions de risque sont assez complexes et nécessitent un ou même plusieurs articles (que j’aborderai prochainement) mais globalement une étude dont le risque est faible est plus recevable qu’une étude à risque élevé.
4- La puissance de l’étude est un concept statistique qui permet de déterminer le nombre suffisant de sujets à inclure dans l’étude afin d’avoir des résultats scientifiquement recevables. Ne vous êtes vous jamais demander pourquoi y a t il exactement 17 participants dans telle étude ou 148 sujets dans une autre étude ? Ces nombres de sujets ne viennent pas de nul part. Les chercheurs qui vont se dire tout d’un coup, “on va prendre 57 participants au lieu d’en prendre 56 ou 58”. Il y a plusieurs facteurs qui rentrent en jeu et parmi ces facteurs: la précision des hypothèses et le risque de première espèce. Ces facteurs constituent ce qu’on appelle la puissance de l’étude. Globalement, plus une étude a de participants par rapport au nombre suffisant de sujets statistiquement calculé, plus elle est recevable.
Encore une fois, je détaillerai tous ces concepts dans d’autres articles spécialement réservé à cet effet (études d’intervention)
5- Les études effectuées sur des sujets témoins contemporains sont plus recevables que celles effectuées avec des sujets témoins historiques.
6- Les revues de la littérature ou méta-analyses sont plus recevables que les études du même type analysé dans la revue de la littérature.
Exemple: une méta-analyse, met en revue 36 études cliniques non randomisées à faible puissance. Cette méta-analyse est plus recevable que chacune des études qui la composent.
Il y a encore beaucoup d’autres critères mais je vais me limiter à ces 6 critères dans cet article. En règle générale, les revues de la littérature sont à privilégier.
Voici pour conclure une classification des types d’études scientifiques selon ce qu’on appelle en médecine factuelle le niveau de preuve scientifique:
Niveau I:
– Revue de la littérature d’essais contrôlés randomisés à faible risque et/ou à puissance élevée
Niveau II:
– Revue de la littérature d’essais contrôlés randomisés à risque élevé et/ou à faible puissance.
– Essai contrôlé randomisé à faible risque et/ou à puissance élevée
Niveau III:
– Revue de la littérature d’études non randomisées et/ou de cohorte et/ou d’étude “cas-témoins”
– Etude semi-randomisée
Niveau IV:
– Revue de la littérature d’études non randomisées avec groupe témoin historique
– Etude non randomisée avec groupe témoin contemporain
– Grande étude cohorte
– Etude “cas-témoins”
Niveau V:
– Etude non randomisée avec groupe témoin historique
Niveau VI:
– Etude de série de cas
– Etude de cas
– Avis d’expert
CONCLUSION: Toutes les études et publications scientifiques ne se valent pas. Il y a plusieurs nuances méthodologiques entre les études scientifiques et il ne suffit pas de ramener un papier scientifique publié pour prétendre avoir une preuve sur un sujet donné. Cet article est une petite introduction à la médecine factuelle et tous les concepts cités dans cet article vont être détaillés dans de prochains articles.