On parle souvent de vitamine B9 comme d’un seul nutriment, mais il existe une différence majeure entre les folates naturels et l’acide folique synthétique.
Cette distinction est essentielle, car leur absorption, leur métabolisme et leurs effets sur la santé ne sont pas du tout équivalents.
Les folates naturels sont immédiatement utilisables par l’organisme.
L’acide folique, lui, doit être converti par une enzyme spécifique (DHFR), souvent saturée ou peu efficace chez de nombreuses personnes.
1. Folates naturels : la véritable vitamine B9
Les folates sont présents dans l’alimentation, notamment dans :
- les légumes verts (épinards, mâche, brocoli),
- les œufs,
- les légumineuses,
- certains fruits.
Eux seuls sont directement reconnus par le métabolisme cellulaire.
Leur rôle principal :
- synthèse de l’ADN et de l’ARN,
- formation des globules rouges,
- croissance fœtale,
- methylation (processus clé pour l’expression génétique),
- santé du système nerveux.
Les folates naturels sont rapidement transformés en 5-MTHF, la forme active circulante.
2. Acide folique : une molécule synthétique à conversion limitée
L’acide folique n’existe pas dans la nature.
C’est une forme synthétique, ajoutée dans les compléments basiques ou dans certains aliments enrichis.
Pour devenir actif, il doit passer par l’enzyme DHFR (dihydrofolate réductase).
Or, chez l’humain, cette enzyme est :
- lente,
- facilement saturée,
- limitée génétiquement chez une grande partie de la population (polymorphisme MTHFR).
Conséquences :
- une partie de l’acide folique reste non métabolisé dans le sang,
- ce résidu peut interférer avec le système immunitaire,
- il peut masquer une carence en vitamine B12,
- et perturber certains processus de methylation.
3. Quand l’acide folique pose problème
Des niveaux élevés d’acide folique non métabolisé peuvent entraîner :
- une diminution de l’activité des cellules NK (système immunitaire),
- un risque augmenté de dérégulation de la methylation,
- des interactions avec des cellules tumorales en croissance rapide (encore débattues),
- un « faux sentiment » de normalité dans les prises de sang, alors que la B12 peut être basse.
Les risques sont plus élevés chez les personnes ayant un gène MTHFR muté (30 à 50 % de la population).
4. Folates actifs : la forme la plus efficace
Les compléments modernes utilisent souvent du 5-MTHF (méthylfolate), qui est :
- directement biodisponible,
- sans besoin de conversion,
- compatible avec les profils génétiques MTHFR,
- mieux toléré.
Cette forme imite exactement celle que le corps utilise, sans accumulation toxique.
5. Quelle forme choisir ?
Pour la majorité des personnes, surtout en période de :
- grossesse,
- désir de conception,
- fatigue chronique,
- troubles neurologiques,
- anémie mégaloblastique,
- stress oxydatif élevé,
les folates naturels ou le 5-MTHF sont préférables.
L’acide folique peut avoir sa place dans les programmes d’enrichissement alimentaire mais n’est pas idéal comme supplément individuel.
Conclusion
Folates naturels et acide folique ne sont pas interchangeables.
Les premiers sont directement actifs, sûrs et compatibles avec notre biologie.
Le second nécessite une conversion limitée et peut s’accumuler sous une forme non métabolisée, avec des effets indésirables à long terme.
Pour optimiser la synthèse de l’ADN, la methylation, la santé maternelle et le métabolisme cellulaire, les folates actifs constituent le choix le plus pertinent.
Références
- Bailey SW, Ayling JE. The extremely slow and variable activity of dihydrofolate reductase in humans. Proc Natl Acad Sci.
- Wright AJ, Dainty JR, Finglas PM. Folate bioavailability and metabolism. Br J Nutr.
- Pietrzik K, Bailey L, Shane B. Biochemical logic of folate supplementation in pregnancy. Am J Clin Nutr.
- Lucock M. Folic acid: nutritional biochemistry, molecular biology, and role in disease processes. Mol Genet Metab.
