Selon une nouvelle étude menée par des chercheurs du département des sciences de la nutrition de Penn State, de faibles niveaux de vitamine D au premier trimestre de la grossesse sont associés à un risque accru d’accouchement prématuré et à une diminution de la longueur fœtale. Cette recherche suggère que la période précoce de la grossesse, voire la période préconceptionnelle, pourrait représenter un moment clé pour intervenir auprès des femmes présentant un faible taux de vitamine D afin d’optimiser les résultats de la grossesse.
L’étude a été dirigée par Celeste Beck, titulaire d’un doctorat en sciences de la nutrition de Penn State en 2023 et actuellement chercheuse principale associée chez Heluna Health, ainsi que par Alison Gernand, directrice de thèse de Beck et professeure associée en sciences de la nutrition à Penn State. Les résultats ont été récemment publiés dans The American Journal of Clinical Nutrition.
Importance de la vitamine D pendant la grossesse
« Plus de 25 % des femmes enceintes ou allaitantes présentent des niveaux de vitamine D inférieurs aux recommandations », explique Gernand. Elle souligne que des recherches antérieures ont déjà mis en évidence le rôle de la vitamine D dans la croissance osseuse fœtale, le bon fonctionnement du système immunitaire maternel au niveau du placenta et le développement de ce dernier chez les femmes enceintes. « Une grande partie du développement précoce de la grossesse dépend de la vitamine D, c’est pourquoi nous avons mené cette étude pour mieux comprendre son impact sur les résultats obstétricaux », précise-t-elle.
La plupart des études précédentes sur la vitamine D chez les femmes enceintes mesuraient les concentrations à partir du deuxième trimestre ou plus tard. À la connaissance des chercheurs, il s’agit de la première étude examinant les niveaux maternels de vitamine D au premier et au deuxième trimestre en lien avec la croissance fœtale et les résultats de la grossesse.
Méthodologie de l’étude et résultats
Les chercheurs de Penn State ont collaboré avec leurs collègues de l’Université de l’Utah pour analyser des échantillons sanguins provenant de 351 femmes participant à l’étude Nulliparous Pregnancy Outcomes Study: Monitoring Mothers-to-Be. Cette étude, financée par le National Institute of Child Health and Human Development, a recruté des femmes enceintes aux États-Unis entre 2010 et 2013.
La vitamine D a été mesurée en nanomoles par litre (nmol/L) de sang. Selon l’Institute of Medicine, un taux inférieur à 50 nmol/L est considéré comme une insuffisance en vitamine D. En comparant les résultats des femmes présentant une insuffisance (< 50 nmol/L) à celles ayant un taux suffisant (≥ 50 nmol/L), les chercheurs n’ont pas observé de différences statistiquement significatives dans les issues de grossesse.
Toutefois, lorsqu’ils ont élargi la plage d’analyse des concentrations en vitamine D, ils ont découvert que les femmes enceintes ayant un taux inférieur à 40 nmol/L au premier trimestre avaient quatre fois plus de risque d’accouchement prématuré que celles dont le taux était supérieur ou égal à 80 nmol/L.
Impact sur la croissance fœtale et limites de l’étude
En plus du risque accru d’accouchement prématuré, les chercheurs ont également observé une corrélation entre la concentration en vitamine D au premier trimestre et certains paramètres de croissance fœtale. Les femmes avec des taux plus élevés de vitamine D présentaient une augmentation légère mais statistiquement significative de la longueur fœtale.
En revanche, au deuxième trimestre, aucune différence notable dans la croissance fœtale ou les issues de grossesse n’a été détectée entre les femmes ayant des niveaux plus bas ou plus élevés de vitamine D. Les chercheurs notent que la majorité des femmes étudiées avaient des niveaux plus élevés de vitamine D à ce stade, ce qui pourrait expliquer l’absence de différences observables. D’autres recherches sont nécessaires pour mieux comprendre ces résultats.
Recommandations pour les femmes en âge de procréer
« Cette étude met en évidence l’importance d’une bonne nutrition dès le début de la grossesse, voire avant la conception », affirme Beck. « Selon leur régime alimentaire et leur mode de vie, certaines femmes peuvent avoir besoin ou non de suppléments. Toutefois, une alimentation équilibrée est essentielle pour favoriser un développement fœtal optimal. Nos résultats suggèrent que les niveaux de vitamine D, tout comme ceux du fer, de l’acide folique et d’autres nutriments essentiels, devraient être surveillés dès le début de la grossesse. »
Les chercheurs suggèrent qu’une supplémentation en vitamine D pourrait être bénéfique pour les femmes envisageant une grossesse.
« Dans cette étude, les femmes présentant un faible taux de vitamine D étaient moins susceptibles de prendre un supplément multivitaminé », précise Beck. « Il serait pertinent pour ces femmes de faire évaluer leur statut nutritionnel par un obstétricien avant la conception et de discuter d’une éventuelle supplémentation en vitamine D. »
Gernand insiste sur l’importance de suivre les recommandations des Dietary Guidelines for Americans.
« On ne peut pas supposer que tout le monde est carencé, mais la nutrition doit être une priorité pour toute femme envisageant une grossesse », explique-t-elle. « Cette étude apporte des preuves que la vitamine D joue un rôle clé dans la santé nutritionnelle des femmes enceintes. ».