Une équipe du Pennington Biomedical Research CenteCystéine et métabolisme énergétique : un nouveau levier dans la modulation du tissu adipeux
Des chercheurs du Pennington Biomedical Research Center ont identifié un mécanisme inédit reliant la restriction calorique à la reprogrammation fonctionnelle du tissu adipeux, via la régulation de la cystéine, un acide aminé soufré. Publiés dans Nature Metabolism, ces travaux combinent des données issues d’essais cliniques chez l’humain et de modèles animaux, et pourraient ouvrir la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques dans la prise en charge de l’obésité et des troubles métaboliques.
Contexte et protocole
La restriction calorique est connue pour favoriser la perte de poids et améliorer les paramètres métaboliques, mais ses effets spécifiques sur le métabolisme des acides aminés et leur rôle fonctionnel dans le tissu adipeux restaient mal définis. Les chercheurs ont analysé des échantillons de tissu adipeux prélevés sur les participants de l’essai CALERIE (réduction calorique moyenne de 14 % sur deux ans chez des adultes en bonne santé). L’analyse métabolomique à large spectre a mis en évidence une baisse significative des niveaux de cystéine dans le tissu adipeux blanc après restriction calorique.
Résultats clés
- Chez l’humain : La diminution de cystéine était associée à une augmentation de l’expression des gènes liés à la thermogenèse (UCP1, PGC1α) et à la différenciation des adipocytes bruns, suggérant un processus de « browning » du tissu adipeux blanc.
- Chez l’animal : Une restriction directe en cystéine, même en l’absence de déficit calorique global, a induit :
- Une perte de poids rapide et marquée.
- Une augmentation de la dépense énergétique via l’oxydation lipidique.
- Une transformation structurelle et fonctionnelle du tissu blanc en tissu brun thermogénique.
- Une baisse de la température corporelle (~40 %) sans signe de lésion tissulaire, suggérant l’activation de mécanismes protecteurs adaptatifs.
Mécanismes proposés
La cystéine joue un rôle central dans la balance redox et la régulation des voies métaboliques oxydatives. Sa diminution pourrait déclencher un stress métabolique contrôlé activant les voies de thermogenèse et modifiant le profil fonctionnel des adipocytes. Ce processus s’accompagne d’une augmentation de l’utilisation des acides gras comme substrat énergétique.
Implications cliniques
Ces résultats positionnent la cystéine comme un régulateur clé du métabolisme énergétique et de la plasticité du tissu adipeux. Au-delà de la simple restriction calorique, la modulation ciblée de cet acide aminé pourrait :
- Améliorer la dépense énergétique au repos.
- Favoriser la perte de masse grasse sans altérer la masse maigre.
- Réduire l’inflammation associée au tissu adipeux blanc.
Perspectives
Ce mécanisme ouvre la voie à des interventions nutritionnelles ou pharmacologiques ciblées sur la cystéine ou ses voies métaboliques, avec un potentiel intérêt dans le traitement de l’obésité, du diabète de type 2 et d’autres pathologies liées au déséquilibre énergétique.
Source :
Matériaux fournis par le Pennington Biomedical Research Center.