La fibrillation auriculaire (FA), trouble cardiaque le plus courant chez les adultes, touche plus de 5 millions de personnes aux États-Unis. Une étude récente publiée dans le Journal of the American Heart Association apporte un éclairage intéressant sur le lien entre la consommation de café et la fonction cognitive chez les personnes atteintes de FA. Traditionnellement, on recommandait souvent aux patients souffrant de FA de s’abstenir de caféine. Cependant, les nouvelles recherches suggèrent une approche plus nuancée, voire positive.
Les résultats de l’étude
L’étude a suivi plus de 2400 personnes en Suisse, atteintes de FA, avec un âge moyen de 73 ans. Voici les points clés ressortis de cette recherche:
- Amélioration cognitive : Une consommation plus élevée de café (plus de cinq tasses par jour) était associée à de meilleures performances lors de tests cognitifs. Les scores pour la vitesse de traitement, la coordination visuo-motrice et l’attention se sont améliorés de 11% chez les consommateurs de café par rapport aux non-consommateurs.
- Âge cognitif : L’âge cognitif a été calculé comme étant 6,7 ans plus jeune chez ceux qui consommaient le plus de café par rapport à ceux qui en buvaient le moins.
- Inflammation : Les marqueurs inflammatoires étaient plus de 20% inférieurs chez les participants buvant cinq tasses par jour, comparativement à ceux qui en buvaient moins d’une.
- Pas d’interaction : Les chercheurs n’ont trouvé aucune interaction entre l’âge, le sexe et la consommation de café.
- Association dose-réponse : Il y avait une association claire et cohérente « dose-réponse » entre la consommation de plus de café et de meilleurs résultats aux tests cognitifs.
Mécanismes possibles
Les effets protecteurs de la consommation régulière de café contre le déclin cognitif pourraient être liés à la caféine, au magnésium, à la vitamine B3 (Niacine), ou à son rôle dans la réduction des produits chimiques qui causent l’inflammation. Il est important de noter que l’étude n’a pas normalisé la taille des tasses, ni pris en compte les ajouts comme les sucres, les crèmes ou les arômes.
Ce que cela signifie pour votre pratique
- Réévaluation des recommandations : Les professionnels de santé peuvent reconsidérer la nécessité d’interdire le café chez les patients atteints de FA. Les directives 2023 de l’ACC/AHA/ACCP/HRS indiquent que l’abstention de caféine pour prévenir les troubles du rythme cardiaque n’apporte aucun avantage aux personnes atteintes de FA.
- Consommation modérée : Il convient de conseiller aux patients que, selon les directives alimentaires américaines, trois à cinq tasses de café noir (8 onces) par jour peuvent faire partie d’une alimentation saine. L’American Heart Association met en garde contre les boissons à base de café populaires telles que les lattes et les macchiatos, souvent riches en calories, en sucres ajoutés et en matières grasses.
- Pas de relation de cause à effet démontrée : Il est important de souligner que l’étude est observationnelle et ne prouve pas que le café prévient le déclin cognitif à long terme. Bien que la consommation de café ne semble pas aggraver la FA, il n’est pas certain que commencer à en boire préviendrait la FA ou le déclin cognitif à long terme. Il est crucial d’encourager les patients à la modération et de tenir compte de leurs symptômes.
- Suivi sur le long terme : Il est nécessaire de faire un suivi sur au moins 5-10 ans pour évaluer les effets du café sur le déclin cognitif.
Limites de l’étude
- Étude transversale : L’étude n’a pas mesuré les changements dans le déclin cognitif avec l’âge car les données ont été collectées à un seul moment.
- Généralisation : L’étude portait sur une population majoritairement blanche en Suisse, consommant généralement des expressos, ce qui peut limiter la généralisation des résultats à d’autres populations.
- Pas d’évaluation des changements de consommation : La consommation de café a été rapportée au moment de l’étude, sans tenir compte des changements au cours des années précédentes.
Conclusion
Cette étude ouvre une voie intéressante pour comprendre le rôle du café dans la prévention du déclin cognitif chez les personnes atteintes de fibrillation auriculaire. Bien qu’il soit essentiel de prendre en compte les limites de l’étude, elle suggère que le café pourrait ne pas être aussi néfaste qu’on le pensait pour les patients souffrant de FA. Il est important de continuer les recherches pour approfondir ces résultats et affiner les recommandations cliniques. L’étude a notamment montré un lien entre la consommation de café et la réduction des marqueurs de l’inflammation, ce qui suggère un mécanisme possible pour la protection cognitive.