L’autotaxine, encore peu connue du grand public, est une enzyme pourtant centrale dans plusieurs processus pathologiques, notamment l’inflammation chronique, la fibrose et certaines maladies métaboliques. Produite principalement par les cellules immunitaires et les tissus endommagés, elle est un acteur clé dans la communication entre les cellules et la réponse inflammatoire.
1. Qu’est-ce que l’autotaxine ?
L’autotaxine (ATX), aussi appelée ENPP2, est une enzyme qui transforme la lysophosphatidylcholine (LPC) en acide lysophosphatidique (LPA).
Cette molécule, le LPA, est extrêmement active biologiquement : elle stimule la prolifération, la migration, la survie cellulaire et l’inflammation.
Plus l’ATX est élevée, plus le LPA augmente, et plus la cascade inflammatoire s’intensifie.
2. Rôle de l’ATX dans l’inflammation chronique
L’ATX est fortement exprimée dans :
- les tissus endommagés,
- les tissus adipeux en surcharge (obésité),
- les zones de stress oxydatif,
- les sites d’inflammation chronique.
Le LPA produit par l’ATX :
- active les cellules immunitaires,
- amplifie la libération de cytokines,
- favorise la douleur inflammatoire,
- augmente la perméabilité vasculaire.
C’est un cercle vicieux : inflammation → activation de l’ATX → production de LPA → encore plus d’inflammation.
3. ATX et fibrose
L’un des effets les plus inquiétants du couple ATX–LPA est leur rôle dans la fibrose, notamment :
- fibrose hépatique,
- fibrose pulmonaire,
- fibrose cardiaque,
- fibrose rénale.
Le LPA active les fibroblastes, les fait se multiplier et produire du collagène en excès.
Résultat : un durcissement progressif des tissus, perte de fonction et risque de chronicité.
Plus l’ATX est active, plus la fibrose progresse rapidement.
4. Métabolisme, obésité et maladies cardio-métaboliques
L’ATX est aussi produite par le tissu adipeux, en particulier lorsqu’il est :
- en excès,
- inflammatoire,
- infiltré par des macrophages.
Une ATX élevée est associée à :
- résistance à l’insuline,
- syndrome métabolique,
- risque cardiovasculaire accru,
- stéatose et NASH.
Elle agit donc comme un biomarqueur de l’inflammation métabolique.
5. Peut-on moduler l’activité de l’ATX ?
La recherche explore plusieurs pistes :
- inhibiteurs pharmacologiques de l’ATX,
- réduction de l’inflammation (omega-3, polyphénols),
- perte de poids lorsque nécessaire,
- amélioration du microbiote,
- activité physique régulière.
La modulation de l’ATX pourrait devenir, dans les prochaines années, une stratégie thérapeutique majeure contre de nombreuses maladies chroniques.
Conclusion
L’autotaxine est une enzyme sous-estimée mais indispensable à comprendre.
En produisant le LPA, elle amplifie l’inflammation, favorise la fibrose et contribue à plusieurs maladies métaboliques.
Surveiller et moduler ce système pourrait constituer une nouvelle voie de prévention et de traitement des maladies inflammatoires et fibrotiques.
Références
- Houben AJ. et al. Lysophosphatidic acid: a signaling molecule involved in cell proliferation and migration. Biochem Soc Trans.
- Tokumura A. et al. Autotaxin and lysophosphatidic acid in cancer and chronic inflammation. Biochim Biophys Acta.
- Kaffe E. et al. The autotaxin–lysophosphatidic acid axis in health and disease. Int J Mol Sci.
- Moolenaar WH. et al. Lysophosphatidic acid signaling in development and disease. Dev Cell.
- Nishimura S. et al. ATX–LPA axis in hepatic and pulmonary fibrosis. J Clin Invest.
