Introduction
Longtemps réduit à un simple indicateur de goutte, l’acide urique est aujourd’hui reconnu comme un biomarqueur clé du métabolisme. Son élévation chronique ne reflète pas uniquement un trouble articulaire ; elle constitue un signal d’alerte précoce de dysfonction métabolique, notamment de résistance à l’insuline, d’hypertension et de risque cardiovasculaire. Comprendre son rôle permet d’améliorer la prévention cardiométabolique et d’adapter plus finement les stratégies thérapeutiques.
Rôle physiologique de l’acide urique
L’acide urique est le produit final du métabolisme des purines. À faibles doses, il exerce des fonctions bénéfiques :
- Antioxydant circulant modéré
- Piégeur de radicaux libres
- Contribution à la protection des membranes cellulaires
Cependant, en excès, il se transforme en pro-oxydant et devient délétère pour les tissus et le système vasculaire.
Un marqueur métabolique précoce
L’hyperuricémie est aujourd’hui considérée comme un indicateur majeur de déséquilibre métabolique. Elle précède souvent de plusieurs années :
- La résistance à l’insuline
- L’hypertension artérielle
- La prise de poids viscérale
- Le syndrome métabolique et le diabète de type 2
L’acide urique est ainsi un signal d’alerte avant l’apparition de complications cliniques plus sévères.
Impact sur la santé cardiovasculaire et rénale
Un taux élevé d’acide urique contribue à plusieurs mécanismes pathologiques :
- Stress oxydatif vasculaire et dysfonction endothéliale
- Inflammation chronique de bas grade
- Augmentation de la pression artérielle par réduction de l’oxyde nitrique et activation du système rénine-angiotensine
- Atteinte rénale progressive, avec baisse du débit de filtration glomérulaire
Il s’agit donc d’un marqueur indépendant du risque de maladies cardiovasculaires et rénales.
Facteurs favorisant l’élévation de l’acide urique
Plusieurs facteurs alimentaires et métaboliques contribuent à l’hyperuricémie :
- Excès de fructose (sodas, jus, produits transformés)
- Alcool, particulièrement bière et spiritueux
- Aliments riches en purines (abats, charcuteries, fruits de mer)
- Surcharge pondérale et sédentarité
- Stress oxydatif et inflammation chronique
- Certaines médications (diurétiques, aspirine à faible dose)
La réduction du fructose apparaît comme l’une des interventions les plus efficaces pour diminuer l’acide urique.
Approches nutritionnelles et hygiéno-diététiques
La prise en charge non pharmacologique repose sur :
- Augmentation de la consommation de légumes, fibres et antioxydants
- Hydratation suffisante et réduction des boissons sucrées
- Priorité aux protéines maigres et sources végétales modérées en purines
- Réduction du fructose industriel, de l’alcool et des produits ultra-transformés
- Activité physique régulière
Ces mesures permettent de réduire l’inflammation, d’améliorer la sensibilité à l’insuline et de restaurer l’équilibre métabolique.
Références
- Johnson RJ et al., 2009
- Feig DI, 2008
- Kanbay M et al., 2011
- Choi HK & Curhan G, 2007
- Lanaspa MA et al., 2012
- Kuwabara M et al., 2018
