Les microplastiques traversent l’intestin, s’accumulent dans les tissus et agitent le système immunitaire en continu.
Les microplastiques ne sont plus seulement un problème environnemental : ils sont devenus un facteur émergent de toxicité humaine, capable d’influencer l’immunité, l’inflammation et le métabolisme. Leur petite taille (souvent inférieure à 5 mm, voire quelques microns) leur permet de franchir les barrières biologiques les plus sensibles, transformant une exposition quotidienne en un stress biologique silencieux.
1. Traversée intestinale : une barrière qui cède
Normalement, l’intestin filtre strictement ce qui entre dans l’organisme.
Mais les microplastiques franchissent cette barrière via :
- La transcytose (passage à travers les cellules intestinales).
- Les jonctions serrées affaiblies par le stress, la dysbiose ou une alimentation ultra-transformée.
- Leur affinité pour les lipides, facilitant leur absorption.
Une fois passés dans la circulation sanguine, ils voyagent librement vers divers tissus.
2. Accumulation tissulaire : un problème chronique
Les études récentes montrent des microplastiques dans :
- Le foie
- Les reins
- Le cœur
- Les poumons
- Le placenta
- Le sang et la lymphe
Cette accumulation crée un “bruit de fond toxique” : une exposition continue qui perturbe l’homéostasie cellulaire.
3. Stimulation immunitaire permanente
Les microplastiques sont reconnus comme des corps étrangers.
Résultat :
- Activation des macrophages
- Stress oxydatif
- Production de cytokines pro-inflammatoires
- Amplification de l’inflammation systémique de bas grade
L’organisme réagit comme face à une menace constante, épuisant peu à peu les mécanismes anti-inflammatoires. Chez les individus déjà exposés à la pollution, la malbouffe ou le stress chronique, ce terrain inflammatoire s’aggrave.
4. Effets métaboliques, hormonaux et cardiovasculaires
Plusieurs travaux associent les microplastiques à :
- Une résistance accrue à l’insuline
- Des altérations du profil lipidique
- Une perturbation endocrinienne (via les additifs : BPA, phtalates)
- Une rigidification vasculaire et des lésions endothéliales
Ainsi, ils participent discrètement aux maladies dites “modernes” : obésité, diabète, stéatose hépatique, troubles cardiovasculaires.
5. Les sources principales
Même en menant une vie “saine”, l’exposition est quasi inévitable :
- Eau en bouteille
- Air intérieur
- Textiles synthétiques
- Cosmétiques
- Plastiques chauffés
- Épices et sel contaminés
- Fruits de mer
- Poussière domestique
L’ingestion quotidienne moyenne dépasserait aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers de particules par an.
Conclusion
Les microplastiques s’imposent comme un nouveau risque biologique majeur. Leur capacité à traverser l’intestin, infiltrer les tissus et activer en permanence le système immunitaire en fait un facteur silencieux d’inflammation chronique et de perturbation métabolique. La problématique dépasse largement l’environnement : elle touche désormais l’intégrité de nos cellules, nos hormones et nos défenses naturelles. Comprendre, réduire l’exposition et soutenir les mécanismes de détoxification devient une priorité.
Références
- Leslie HA et al. « Discovery and quantification of plastic particle pollution in human blood. » Environment International, 2022.
- Schwabl P et al. « Assessment of microplastic concentrations in human stool. » Annals of Internal Medicine, 2019.
- Yong CQY et al. « Effects of microplastics on immune responses and inflammatory pathways. » Frontiers in Immunology, 2020.
- Prata JC. « Microplastics in the environment: Occurrence, interactions and health implications. » Science of the Total Environment, 2018.
