Le lactate est longtemps resté associé à la fatigue musculaire et à l’effort anaérobie. Les connaissances actuelles montrent cependant qu’il s’agit d’un métabolite central du métabolisme énergétique, impliqué dans la communication intercellulaire et le recyclage de l’énergie. Une altération de son métabolisme peut limiter l’endurance, ralentir la récupération et perturber l’équilibre métabolique global.
1. Le lactate : un carburant, pas un déchet
Le lactate est produit lors de la glycolyse, notamment lorsque la demande énergétique augmente. Contrairement à une idée répandue, il n’est pas un sous-produit toxique, mais :
- un substrat énergétique réutilisable par les muscles, le cœur et le cerveau,
- un intermédiaire du cycle de Cori, reliant muscles et foie,
- un signal métabolique impliqué dans l’adaptation à l’effort.
Un métabolisme du lactate efficace repose sur sa production, son transport et son recyclage.
2. Transport et recyclage du lactate
Le lactate circule entre les tissus grâce aux transporteurs monocarboxylates (MCT). Ces transporteurs permettent :
- l’export du lactate hors des cellules productrices,
- son import dans les cellules capables de l’oxyder,
- son utilisation mitochondriale comme source d’énergie.
Une altération de ces mécanismes réduit la capacité de l’organisme à réutiliser le lactate de manière optimale.
3. Rôle des mitochondries dans le métabolisme du lactate
Les mitochondries sont au cœur du recyclage du lactate. Elles permettent sa conversion en pyruvate, puis son oxydation dans le cycle de Krebs. Un dysfonctionnement mitochondrial peut entraîner :
- une accumulation excessive de lactate,
- une baisse de la production d’ATP,
- une fatigue précoce à l’effort.
Le métabolisme du lactate reflète ainsi la qualité de la fonction mitochondriale.
4. Conséquences métaboliques et fonctionnelles
Une altération du métabolisme du lactate peut se manifester par :
- une diminution de l’endurance,
- une récupération plus lente après l’effort,
- une sensation de fatigue musculaire disproportionnée,
- une tolérance réduite aux variations d’intensité.
Ces effets ne concernent pas uniquement les sportifs, mais également les individus présentant des troubles métaboliques ou une sédentarité prolongée.
5. Lactate et adaptation métabolique
Le lactate joue un rôle clé dans les adaptations à l’exercice, notamment en stimulant :
- la biogenèse mitochondriale,
- l’amélioration de l’efficacité énergétique,
- la flexibilité métabolique.
Une perturbation chronique de son métabolisme peut limiter ces adaptations et contribuer à un profil métabolique moins performant.
Conclusion
Le lactate est un acteur central du métabolisme énergétique et non un simple marqueur de fatigue. Son recyclage efficace dépend du transport cellulaire et de la fonction mitochondriale. Une altération du métabolisme du lactate peut affecter l’endurance, la récupération et l’adaptation métabolique, soulignant son rôle clé dans la physiologie humaine.
Références
- Brooks GA. Cell-cell and intracellular lactate shuttles. J Physiol.
- Gladden LB. Lactate metabolism: a new paradigm for the third millennium. J Physiol.
- Philp A, Macdonald AL, Watt PW. Lactate — a signal coordinating cell and systemic function. J Exp Biol.
- Rogatzki MJ et al. Lactate is always the end product of glycolysis. Front Neurosci.
- Hashimoto T et al. Mitochondrial lactate oxidation complex. FASEB Journal.
