L’insuffisance surrénale est un trouble dans lequel les glandes surrénales — responsables de la production du cortisol, de l’aldostérone et d’autres hormones vitales — n’arrivent plus à répondre aux besoins de l’organisme.
Souvent confondue avec une simple fatigue, elle est pourtant une pathologie grave lorsque le diagnostic tarde, car le cortisol est indispensable à la survie.
Dans sa forme chronique, les signes sont insidieux, progressifs et trop facilement attribués au stress, au surmenage ou à l’anxiété. D’où son caractère « sous-estimé ».
1. Le rôle vital des glandes surrénales
Les surrénales produisent plusieurs hormones essentielles :
• Cortisol : gestion du stress, glycémie, inflammation, énergie.
• Aldostérone : équilibre sodium/potassium, pression artérielle, hydratation.
• Androgènes surrénaliens (DHEA…) : vitalité, libido, immunité.
Lorsque la production chute, tout l’équilibre métabolique s’effondre.
2. Symptômes souvent négligés
L’insuffisance surrénale se manifeste par des signes peu spécifiques, ce qui explique les retards de diagnostic :
• fatigue intense et persistante,
• hypotension, vertiges, intolérance orthostatique,
• perte de poids et manque d’appétit,
• douleurs abdominales, nausées,
• faiblesse musculaire,
• sensibilité accrue au stress,
• hypoglycémies fréquentes,
• troubles électrolytiques (baisse sodium / hausse potassium dans l’Addison).
Dans certains cas, une pigmentation cutanée apparaît (Addison primaire).
Ces symptômes peuvent durer des années avant que l’on identifie la cause réelle.
3. Un risque majeur : la crise addisonienne
C’est l’urgence absolue : chute brutale de cortisol → défaillance circulatoire → choc.
Elle peut être déclenchée par : infection, stress majeur, chirurgie, arrêt brutal d’un traitement corticoïde.
Signes : hypotension sévère, déshydratation, vomissements, confusion, perte de conscience. Sans traitement immédiat (hydrocortisone IV), le pronostic est vital.
4. Pourquoi cette maladie passe-t-elle inaperçue ?
• Les symptômes ressemblent à ceux du stress chronique.
• Les dosages hormonaux sont parfois mal interprétés.
• Beaucoup de médecins ne testent pas d’emblée le cortisol (HTA, diabète et autres causes sont plus fréquemment évoquées).
• Les formes secondaires (par insuffisance hypophysaire) sont encore plus discrètes.
Résultat : des années d’errance diagnostique.
5. Le diagnostic : plus simple qu’on pense
Le dépistage repose sur :
• un dosage du cortisol matinal (entre 7h et 9h),
• l’ACTH,
• l’ionogramme,
• et surtout le test au Synacthène, qui mesure la capacité de la surrénale à répondre à une stimulation.
Un diagnostic rapide permet d’éviter les complications graves.
Conclusion
L’insuffisance surrénale reste sous-estimée car elle imite la fatigue chronique et les troubles liés au stress. Pourtant, elle compromet des fonctions vitales et expose à la crise addisonienne, une urgence potentiellement mortelle. Une meilleure reconnaissance des symptômes et un dépistage systématique chez les patients épuisés, hypotendus ou instables glycémiquement pourraient réduire considérablement les errances diagnostiques.
Références
- Bornstein SR et al. Diagnosis and treatment of primary adrenal insufficiency. Lancet Diabetes & Endocrinology.
- Charmandari E, Nicolaides NC, Chrousos GP. Adrenal insufficiency. Endocrinology & Metabolism Clinics.
- Bancos I, Hahner S, Tomlinson J, Arlt W. Management of adrenal insufficiency. Lancet.
- Ten S, New M, Maclaren N. Addison’s disease 2001. Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism.
