L’inflammation neuro-systémique désigne l’interaction entre une inflammation périphérique chronique et le fonctionnement du système nerveux central. Longtemps considérés comme des compartiments séparés, le système immunitaire périphérique et le cerveau sont aujourd’hui reconnus comme étroitement interconnectés. Une inflammation persistante hors du système nerveux peut ainsi influencer directement la cognition, l’humeur et la régulation neuroendocrinienne.
1. Communication entre immunité périphérique et cerveau
Le cerveau n’est pas isolé du reste de l’organisme. Plusieurs voies assurent la communication entre l’inflammation périphérique et le système nerveux central :
- passage de cytokines pro-inflammatoires à travers certaines zones perméables de la barrière hémato-encéphalique,
- activation des nerfs afférents, notamment le nerf vague,
- signalisation indirecte via les cellules endothéliales cérébrales.
Ces mécanismes permettent à une inflammation chronique systémique d’influencer l’activité neuronale.
2. Activation microgliale secondaire
L’inflammation périphérique persistante peut entraîner une activation prolongée des cellules microgliales, principales cellules immunitaires du cerveau. Cette activation est associée à :
- une production accrue de cytokines cérébrales,
- une altération de la plasticité synaptique,
- une perturbation de la neurotransmission.
Lorsque cette activation devient chronique, elle peut compromettre les fonctions cognitives et émotionnelles.
3. Impact sur la neurotransmission et l’énergie cérébrale
L’inflammation neuro-systémique influence plusieurs systèmes neurochimiques :
- réduction de la disponibilité de certains neurotransmetteurs,
- perturbation du métabolisme du glutamate,
- altération de la fonction mitochondriale neuronale.
Ces effets peuvent contribuer à une baisse de concentration, une fatigue mentale et une diminution de la résilience cognitive.
4. Lien avec les troubles de l’humeur et cognitifs
De nombreuses études associent l’inflammation chronique de bas grade à :
- des symptômes dépressifs,
- une anxiété persistante,
- un ralentissement cognitif,
- une diminution de la motivation.
Ces manifestations peuvent survenir indépendamment de pathologies neurologiques structurales.
5. Inflammation neuro-systémique et maladies chroniques
L’inflammation neuro-systémique est impliquée dans plusieurs contextes cliniques :
- maladies métaboliques chroniques,
- syndromes de fatigue persistante,
- troubles neurodégénératifs,
- vieillissement cérébral accéléré.
Elle représente un mécanisme transversal reliant dysfonctionnements périphériques et atteintes centrales.
Conclusion
L’inflammation neuro-systémique illustre l’interdépendance entre l’état inflammatoire périphérique et la santé cérébrale. Une inflammation chronique, même modérée, peut modifier durablement la signalisation neuronale, l’énergie cérébrale et les fonctions cognitives. Comprendre ces interactions est essentiel pour appréhender les troubles neurofonctionnels associés aux maladies chroniques modernes.
Références
- Dantzer R et al. Inflammation-associated depression: from serotonin to kynurenine. Trends in Neurosciences.
- Perry VH, Holmes C. Microglial priming in neurodegenerative disease. Nat Rev Neurol.
- Miller AH, Raison CL. The role of inflammation in depression. Nat Rev Immunol.
- Banks WA. Blood–brain barrier transport of cytokines. Physiol Rev.
- Heneka MT et al. Neuroinflammation in neurodegenerative diseases. Lancet Neurology.
