Le fructose est un sucre naturellement présent dans les fruits, mais aussi largement utilisé sous forme concentrée dans l’alimentation moderne. Lorsqu’il est consommé en excès, notamment via les sucres ajoutés, il exerce des effets métaboliques spécifiques, distincts de ceux du glucose, avec un impact particulier sur le foie. Ces mécanismes sont aujourd’hui bien documentés dans la physiopathologie de la stéatose hépatique non alcoolique.
1. Métabolisme hépatique spécifique du fructose
Contrairement au glucose, le fructose est métabolisé presque exclusivement par le foie. Il contourne les principales étapes de régulation de la glycolyse, ce qui entraîne :
- une entrée rapide dans les voies métaboliques hépatiques,
- une stimulation directe de la lipogenèse de novo,
- une production accrue de triglycérides.
Ce métabolisme non régulé explique pourquoi un apport élevé en fructose favorise l’accumulation de graisses dans le foie.
2. Fructose et stéatose hépatique non alcoolique
De nombreuses études associent une consommation élevée de fructose à :
- une augmentation de la graisse hépatique,
- une élévation des triglycérides sanguins,
- une progression vers l’insulinorésistance hépatique.
Le fructose contribue ainsi au développement et à l’aggravation de la stéatose hépatique non alcoolique, indépendamment de l’apport calorique total dans certains contextes expérimentaux.
3. Impact sur la résistance à l’insuline
L’accumulation lipidique hépatique induite par le fructose interfère avec la signalisation de l’insuline. Cette altération favorise :
- une augmentation de la production hépatique de glucose,
- une élévation de la glycémie à jeun,
- une perturbation globale du métabolisme glucidique.
Ce mécanisme place le fructose en excès au cœur des troubles métaboliques modernes.
4. Fructose, inflammation et stress oxydatif
Le métabolisme du fructose augmente la production d’acide urique et de métabolites pro-oxydants. Cela peut entraîner :
- un stress oxydatif hépatique,
- une activation des voies inflammatoires,
- une progression de la stéatose vers des formes inflammatoires plus sévères.
Ces processus contribuent à la chronicisation des atteintes hépatiques.
5. Sources alimentaires et exposition moderne
L’exposition excessive au fructose provient principalement :
- des boissons sucrées,
- des sirops riches en fructose,
- des produits ultra-transformés.
Cette forme concentrée et liquide de fructose diffère du fructose naturellement présent dans les fruits entiers, associé à des fibres et des micronutriments, modifiant sa cinétique d’absorption.
Conclusion
L’excès de fructose représente un facteur métabolique spécifique de surcharge hépatique. Par son métabolisme non régulé, il favorise la lipogenèse, la résistance à l’insuline et l’inflammation hépatique, jouant un rôle central dans la stéatose hépatique non alcoolique. Son impact dépend largement de la dose, de la forme de consommation et du contexte alimentaire global.
Références
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- Stanhope KL, Havel PJ. Fructose consumption: potential mechanisms for its effects on metabolic health. Diabetes.
- Softic S, Cohen DE, Kahn CR. Role of dietary fructose and hepatic de novo lipogenesis in fatty liver disease. Dig Dis Sci.
- Johnson RJ et al. Sugar, uric acid, and the etiology of diabetes and obesity. Diabetes.
- Lim JS et al. The role of fructose in the pathogenesis of NAFLD. Hepatology.
