La taurine est un acide aminé soufré présent en grande quantité dans l’organisme, bien qu’elle ne soit pas intégrée aux protéines. Elle joue un rôle central dans la régulation cardiovasculaire, la fonction biliaire, l’équilibre électrolytique et le fonctionnement du système nerveux. Un déficit, même modéré, peut perturber plusieurs systèmes biologiques de manière diffuse.
1. Taurine et fonction cardiovasculaire
La taurine intervient dans la régulation du calcium intracellulaire au niveau cardiaque, contribuant à la stabilité du rythme et à la contractilité myocardique. Elle participe également à la modulation de la pression artérielle par son action sur :
- l’équilibre sodium–potassium,
- la fonction endothéliale,
- la réduction du stress oxydatif.
Un apport insuffisant est associé à une altération de la fonction cardiaque et à une vulnérabilité accrue face au stress métabolique.
2. Rôle dans la bile et le métabolisme lipidique
La taurine est essentielle à la conjugaison des acides biliaires. Ce processus permet :
- une meilleure digestion des graisses,
- l’absorption des vitamines liposolubles,
- l’élimination de certaines toxines liposolubles.
Un déficit peut perturber la digestion lipidique et surcharger le foie, contribuant à des troubles digestifs ou métaboliques.
3. Système nerveux et neuromodulation
Dans le système nerveux central, la taurine agit comme neuromodulateur inhibiteur. Elle participe à :
- la stabilisation de l’excitabilité neuronale,
- la protection contre l’excitotoxicité,
- la régulation du stress neuronal.
Une carence peut favoriser irritabilité, troubles de la concentration et vulnérabilité au stress neurologique.
4. Équilibre électrolytique et osmorégulation
La taurine joue un rôle clé dans l’osmorégulation cellulaire. Elle aide les cellules à maintenir leur volume et leur équilibre électrolytique, notamment dans les tissus exposés à des variations osmotiques importantes comme le cerveau, le cœur et les reins.
Un déficit peut altérer l’hydratation cellulaire et la transmission des signaux électriques.
5. Facteurs favorisant un déficit
Plusieurs situations peuvent contribuer à une diminution des réserves en taurine :
- alimentation pauvre en produits d’origine animale,
- stress chronique et inflammation,
- dysfonction hépatique ou biliaire,
- pertes accrues lors d’efforts prolongés.
Ces facteurs expliquent pourquoi certains déficits restent longtemps non identifiés.
Conclusion
La taurine est un régulateur transversal impliqué dans la fonction cardiaque, la digestion des graisses, la neuromodulation et l’équilibre électrolytique. Un déficit peut engendrer des perturbations systémiques progressives, souvent non spécifiques, mais biologiquement cohérentes. Maintenir des apports suffisants est essentiel pour préserver l’homéostasie cellulaire et métabolique.
Références
- Schaffer SW, Jong CJ, Ramila KC, Azuma J. Physiological roles of taurine in heart and muscle. J Biomed Sci.
- Huxtable RJ. Physiological actions of taurine. Physiol Rev.
- Militante JD, Lombardini JB. Taurine: evidence of physiological function in the central nervous system. Prog Neurobiol.
- Lambert IH, Kristensen DM, Holm JB, Mortensen OH. Physiological role of taurine in osmoregulation. Cell Physiol Biochem.
- Ripps H, Shen W. Review: taurine: a “very essential” amino acid. Mol Vis.
