Le fer occupe une place centrale dans la performance des sportifs d’endurance. Il intervient dans le transport de l’oxygène, la production d’énergie et la fonction musculaire. Malgré son importance, la carence en fer demeure fréquente et souvent sous-diagnostiquée chez les athlètes, en particulier les femmes, les adolescents et les sportifs s’entraînant intensivement.
Les pertes accrues, combinées à des besoins élevés, exposent cette population à un risque spécifique.
1. Pourquoi le fer est essentiel à la performance d’endurance
Transport de l’oxygène
Le fer est un composant clé de l’hémoglobine et de la myoglobine. Une carence, même modérée, réduit la capacité du sang à transporter l’oxygène, limitant directement la performance aérobie.
Production d’énergie
Le fer participe aux enzymes mitochondriales impliquées dans la chaîne respiratoire. Sans un niveau suffisant, la production d’ATP diminue, réduisant l’endurance et la capacité de récupération.
Fonction musculaire
Le fer permet le bon fonctionnement des enzymes musculaires et le maintien des fibres oxydatives, essentielles aux efforts prolongés.
2. Pourquoi les sportifs d’endurance sont-ils à risque ?
Plusieurs mécanismes propres à l’entraînement expliquent la fréquence élevée de la carence :
Pertes liées à la transpiration
La sueur contient du fer, et les entraînements longs peuvent augmenter son excrétion.
Micro-hémolyse liée à l’impact
Les chocs répétés, notamment la course à pied, entraînent la destruction partielle des globules rouges (hémolyse d’impact).
Pertes digestives
L’entraînement intense augmente la perméabilité intestinale, favorisant des saignements microscopiques.
Pertes urinaires
L’exercice prolongé peut induire une hématurie d’effort et augmenter les pertes de fer.
Besoins accrus
Les sports d’endurance favorisent une expansion du volume sanguin et une augmentation de la masse mitochondriale, ce qui élève les besoins en fer.
3. Ferritine, hémoglobine et “carence fonctionnelle”
La ferritine est le marqueur principal des réserves en fer, mais son interprétation chez les sportifs nécessite prudence.
Carence absolue
Réserves faibles, ferritine basse, hémoglobine parfois normale.
Carence fonctionnelle
Ferritine normale ou légèrement basse, mais fer insuffisant pour répondre à la demande accrue des muscles et des mitochondries.
Elle peut survenir avec un entraînement intense, même sans anémie.
Inflammation liée à l’exercice
L’entraînement augmente l’hepcidine, hormone qui réduit l’absorption du fer.
Sa hausse temporaire après chaque séance peut limiter la disponibilité du fer.
4. Conséquences sur la performance
Un déficit en fer, même sans anémie sévère, peut entraîner :
- baisse du VO2max,
- fatigue chronique,
- diminution de l’endurance,
- récupération plus lente,
- baisse de température corporelle,
- rythme cardiaque plus élevé à effort égal,
- troubles cognitifs (attention, concentration) liés à la baisse de disponibilité en oxygène.
Les athlètes compensent souvent en augmentant l’effort pour un rendement moindre, ce qui accentue la fatigue.
5. Prévention et stratégies alimentaires
Sources alimentaires
- Fer héminique : viande rouge, volaille, poisson (biodisponibilité élevée).
- Fer non héminique : légumineuses, céréales complètes, fruits secs, légumes verts.
Optimisation de l’absorption
- Associer le fer végétal à la vitamine C.
- Éviter le thé, café, calcium ou phytates au même repas (réduisent l’absorption).
- Éviter d’ingérer du fer juste après un entraînement intense (hepcidine élevée).
Supplémentation
Peut être nécessaire chez certains athlètes, mais doit toujours être encadrée, car l’excès de fer comporte aussi des risques.
La mesure régulière de la ferritine, de l’hémoglobine et de la saturation en transferrine est recommandée.
Conclusion
Chez les sportifs d’endurance, la carence en fer est fréquente, souvent silencieuse et parfois sous-diagnostiquée. En raison de pertes accrues, de besoins élevés et de l’influence de l’entraînement sur l’absorption du fer, même une baisse légère des réserves peut impacter la performance, la récupération et la santé.
Une surveillance régulière, une alimentation variée et une stratégie d’optimisation de l’absorption permettent d’éviter ces effets et de maintenir un niveau de performance optimal.
Références
- Peeling P et al. Iron considerations for the athlete: a narrative review. Eur J Appl Physiol.
- Clenin G et al. Iron deficiency in sports – definition, influence on performance and therapy. Swiss Med Wkly.
- Sim M et al. Iron supplementation for female athletes: systematic review. Sports Med.
- Burden RJ et al. Iron status and the endurance athlete. Curr Sports Med Rep.
- McCormick R, Ferrucci L. Hepcidin and exercise: implications for iron metabolism.
