Sédentarité : mode de vie ou inactivité ?

Le mot sédentarité provient du latin “sedere” qui signifie “être assis”. L’étude célèbre de Morris et al. en 1953 (1) sur la sédentarité des conducteurs de bus à Londres a montré que l’incidence des pathologies coronariennes était plus élevée chez les professions sédentaires. La recherche sur les relation entre sédentarité et santé n’est pas nouvelle. Cependant, la multiplication des recherches ces dernières années sur cette thématique a été motivée par un contexte propice aux comportements sédentaires : fort développement des loisirs à domicile, souvent devant un écran (TV, DVD, consoles, ordinateurs), large utilisation des transports motorisés porte à porte, etc.
Selon le Report of the Surgeon General USA (1996) (2), l’activité physique serait : «tout mouvement corporel produit par la contraction des muscles squelettiques qui entraîne une augmentation substantielle de la dépense d’énergie au-dessus de la valeur de repos». L’inactivité physique correspond à l’extrémité inférieure du spectre de l’activité. La sédentarité quant à elle ne constitue pas seulement une activité physique faible ou nulle, mais correspond à des occupations spécifiques dont la dépense énergétique est proche de la valeur de repos. Exemples : regarder la télévision ou des vidéos, travailler sur ordinateur, être assis pour lire, manger, écouter de la musique, discuter, faire ses devoirs, utiliser des transports motorisés. Pate et al. (2008) (3) propose quelques exemples d’activités sédentaires : regarder la télévision ou des vidéos, travailler sur ordinateur, être assis pour lire, manger, écouter de la musique, discuter, faire ses devoirs, utiliser des transports motorisés. La sédentarité serait donc différente de l’inactivité.
L’activité physique et la sédentarité sont deux dimensions différentes et indépendantes du comportement de mouvement, associées respectivement de façon favorable et défavorable à l’état de santé (3, 4).
La sédentarité est définie par rapport au temps passé soit à réaliser des activités à faible dépense énergétique (en général) soit à des activités spécifiques du comportement sédentaire. Il existe 2 élements qui permettent de mesurer la sédentarité :
1- Mesure du temps total consacré à des activités sédentaires qui est estimable par des techniques de mesures objectives de type :
– Accéléromètre : quantifie le temps passé en dessous d’un seuil prédéterminé de mouvement (exemple: Counts/min < 100/min) et la répartition de ce temps dans la journée (5)
– Inclinomètres : quantifie le temps passé dans différentes postures (allongé, assis, debout) mesures objectives, sans biais de déclaration, mais ne permettent pas de savoir quelles activités sédentaires (TV ou ordinateur ou lecture, etc.) sont pratiquées.
2- Méthodes auto-déclarées :
– Les questionnaires d’auto-mesure de la sédentarité demandent aux participants de rapporter la fréquence et la durée du temps passé pour différentes occupations (TV, ordinateur, jeux vidéos, etc.) pour un cadre temporel défini (par exemple : pour les 7 derniers jours) (6, 7). Pour ce type d’estimation on a besoin de questionnaires validés.
– Les carnets “diaries”, sur lesquels les participants notent toutes leurs activités sédentaires au fur et à mesure, pendant une période de temps donnée (exemple 7 jours) (8).
– L’observation directe est une méthode alternative mais il faut faire attention à la potentielle modification des comportements (intrusif risque encore plus élevé qu’avec un questionnaire).
– Parent proxy measures : cette méthode s’applique pour les jeunes enfants, pour qui les parents sont souvent interrogés à la place de l’enfant. L’étude de Robinson (2006) (9) montre que les parents surestimaient de 4 h/semaine le temps passé devant la TV pour les enfants n’ayant pas de TV dans leur chambre, et sous-estimaient de 3 h/semaine chez ceux qui avaient une TV dans la chambre.
– Chez les enfants et adolescents : La review de Bryant et al. (2007) (10) sur la mesure du temps passé devant la TV explique que bien qu’il s’agisse d’un comportement sédentaire parmi d’autres, c’est largement le plus prévalent. En général, la mesure était auto-déclarée avec un manque d’information sur la validité des instruments utilisés.
– Chez les adultes : La review de Clark et al. (2009) (11) sur la mesure du temps passé dans différentes activités sédentaires a mis en revue 60 études et avait conclue que le temps passé devant la TV était le plus fréquemment reporté. En général, la mesure était auto-déclarée toujours avec un manque d’information sur la validité des instruments utilisés.
CONCLUSION:
La majorité des études sur la sédentarité mentionnent que cette dernière est un ensemble d’habitudes et un mode de vie. Même une personne qui pratique du sport peut être considérée comme sédentaire si elle adopte un mode de vie construit sur la base d’habitudes sédentaires.
Références :
1. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/13110075
2. https://www.cdc.gov/nccdphp/sgr/summ.htm
3. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18815485
4. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18022068
5. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18812418
6. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17532371
7. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/8357503
8. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20682330
9. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17129381
10. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17444962
11. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18631161
Lire aussi :
Protéines : besoins concrets chez le sportif et le sédentaire