Un futur cancer de la thyroïde sur cinq est lié à une prise de poids excessive

Éviter l’excès de poids, en particulier l’obésité, devrait être une priorité pour la prévention du cancer de la thyroïde, selon la première étude visant à évaluer le fardeau futur du cancer de la thyroïde en Australie.
Cette première étude mondiale, publiée dans l’International Journal of Cancer et dirigée par le Dr Maarit Laaksonen de l’école de mathématiques et de statistiques de l’UNSW, a révélé qu’un futur cancer de la thyroïde sur cinq en Australie est attribuable aux niveaux actuels de surpoids et d’obésité.
Le Dr Laaksonen, maître de conférences en sciences des données, estime que ce résultat est préoccupant car la prévalence de l’obésité en Australie a doublé au cours des deux dernières décennies, 75 % des hommes australiens et 60 % des femmes australiennes étant en surpoids ou obèses.
“Cette constatation se traduit par près de 10 000 cancers de la thyroïde dans les 10 prochaines années”, explique le Dr Laaksonen. “L’obésité explique 75 % de ce fardeau en Australie”.
La principale autorité en matière de recherche sur le cancer, le Centre international de recherche sur le cancer, a conclu que la corpulence est un facteur de risque causal du cancer de la thyroïde.
Mais selon le Dr Laaksonen, c’est la première fois qu’une étude évalue le fardeau du cancer de la thyroïde attribuable aux niveaux actuels de surpoids et d’obésité et qu’elle compare ce fardeau par sexe.
Le cancer de la thyroïde est l’un des rares cancers qui est deux à trois fois plus fréquent chez les femmes que chez les hommes, mais le Dr Laaksonen indique que l’étude a révélé que la charge future du cancer de la thyroïde attribuable au surpoids et à l’obésité est plus élevée chez les hommes que chez les femmes.
Le surpoids ou l’obésité explique deux cancers de la thyroïde sur cinq chez les hommes, et un sur dix chez les femmes.
“On ne comprend pas encore bien ce qui cause la différence entre les sexes dans le risque de cancer de la thyroïde lié au surpoids/à l’obésité”, déclare le Dr Laaksonen.
“Mais nos résultats ajoutent des preuves à la nécessité urgente de stopper et d’inverser la tendance mondiale actuelle à la prise de poids, en particulier l’obésité et surtout chez les hommes.”
Dr Maarit Laaksonen
Selon le Dr Laaksonen, si cette étude définit ce qui est lié à un cancer de la thyroïde sur cinq en Australie, on ne comprend pas bien ce qui explique le reste.
“Les autres facteurs liés au mode de vie ne semblent pas être impliqués, mais l’exposition aux rayonnements ionisants, la carence en iode et certains facteurs génétiques et les antécédents familiaux sont connus pour augmenter le risque de cancer de la thyroïde. Le cancer de la thyroïde est un peu comme le cancer de la prostate : ses facteurs de risque ne sont pas encore très bien compris.”
Les résultats de l’étude reposent sur sept études de cohorte australiennes impliquant 370 000 participants, ce qui a permis d’évaluer des cancers moins courants comme le cancer de la thyroïde.
“Nous avons relié les données de ces sept études, qui ont toutes déterminé l’indice de masse corporelle [IMC] des participants au début de l’étude, aux bases de données nationales sur le cancer et les décès, ce qui nous a permis d’estimer la force des associations IMC-cancer et IMC-décès au cours du suivi”, explique le Dr Laaksonen.
“Nous avons estimé la prévalence à jour du surpoids et de l’obésité dans la population australienne à partir de la dernière enquête nationale sur la santé de 2017-2018, puis nous avons combiné la force de l’association et les estimations de la prévalence de l’exposition pour estimer les fractions attribuables à la population [PAF].
Les FAP décrivent quelle fraction des cancers futurs au niveau de la population est expliquée par l’exposition actuelle. Pour ce faire, nous avons appliqué des méthodes avancées de FAP que j’ai développées”.
Les méthodes avancées de FAP permettent d’estimer la charge de morbidité sans biais, ainsi que de comparer la charge de morbidité évitable par sous-groupes de population dans l’étude. “Ces méthodes nécessitent l’accès à de grandes données de cohorte”, précise le Dr Laaksonen.
La prévalence du surpoids/de l’obésité étant plus élevée chez les hommes que chez les femmes, cela ajoute à la différence de sexe dans la charge du cancer de la thyroïde.
“Enfin, nous avons multiplié les estimations du FAP par le nombre prévu de cancers de la thyroïde au cours des dix prochaines années (2021-2030) pour obtenir le nombre absolu de cancers de la thyroïde qui devraient survenir en raison de l’adiposité”, explique le Dr Laaksonen.
L’objectif du projet, qui a été financé conjointement par le National Health and Medical Research Council et le Cancer Institute NSW, était d’évaluer pour la première fois la charge future évitable du cancer en Australie et ses déterminants.
L’équipe impliquée dans cette étude comprend des collaborateurs et des représentants des sept études de cohorte sur lesquelles l’étude s’est appuyée.
Ils sont issus de diverses universités et instituts australiens et des conseils du cancer.
Le Dr Laaksonen a déjà publié des résultats sur les cancers évitables du poumon, du colorectal, du sein, de l’endomètre, de l’ovaire, du pancréas, du rein, de la vessie et de la tête et du cou.
Ce spécialiste des données est membre d’une équipe internationale qui a récemment reçu une subvention de 550 000 dollars du Fonds mondial de recherche sur le cancer pour étendre les analyses de la charge du cancer à l’échelle internationale.
“Cette subvention est une opportunité fantastique d’utiliser mes méthodes pour informer la lutte mondiale contre le cancer. Nous collaborons avec des experts du Cancer Council Victoria, de l’université de Melbourne, de l’université de Nouvelle-Galles du Sud et de l’université Harvard”, explique-t-elle.
Source :
One in five future thyroid cancers linked to excess weight | UNSW Newsroom