Liaisons génétiques entre régime riche en matières grasses, inflammation et maladie inflammatoire de l’intestin.

La maladie inflammatoire de l’intestin (MII) est un trouble complexe qui affecte un nombre important de personnes à travers le monde. Il est bien établi qu’un régime riche en matières grasses peut augmenter le risque de MII. Cependant, l’interaction entre les facteurs génétiques et les influences alimentaires reste mal comprise. Toutefois, une récente étude publiée dans eLife a permis de mettre en lumière cette relation. Les chercheurs ont utilisé des populations génétiquement diverses de souris pour étudier les variants génétiques associés à la susceptibilité à l’inflammation intestinale après un régime riche en matières grasses. Leurs découvertes apportent des éclaircissements précieux sur les mécanismes sous-jacents à la physiologie intestinale et offrent des cibles potentielles de traitement pour la MII chez les souris et les humains.
L’étude a révélé que les changements dans l’expression des gènes associés à la MII reflétaient l’état inflammatoire général des souris. Des niveaux accrus de la cytokine pro-inflammatoire appelée interleukine-15 et des niveaux réduits de la cytokine anti-inflammatoire appelée interleukine-10 ont été observés chez les souris présentant une plus grande probabilité de développer une MII.
En effectuant une analyse des réseaux de co-expression génique, les chercheurs ont identifié deux modules distincts de gènes liés à des signatures génétiques connues de la MII chez l’humain. Ces modules étaient principalement composés de gènes liés à la réponse immunitaire, y compris ceux connus pour être impliqués dans la maladie de Crohn.
Pour identifier les gènes candidats influencés par un régime riche en matières grasses, les chercheurs ont réalisé une analyse des loci de caractères quantitatifs (QTL), qui a permis de localiser une région associée à l’inflammation intestinale chronique chez les souris. En croisant ces résultats avec les gènes de risque de la MII à partir des données d’études d’association pangénomiques provenant de la UK Biobank, deux gènes candidats plausibles, EPHA6 et MUC4, ont été identifiés. L’étude a également trouvé des preuves suggérant qu’une expression accrue du gène MUC4 dans une partie spécifique du côlon pourrait augmenter le risque de MII chez les humains.
Bien que les résultats de l’étude soient principalement observationnels et corrélatifs, ils fournissent un ensemble de données précieux qui génère des hypothèses pour des investigations ultérieures. Comprendre les bases génétiques de la MII est essentiel pour développer des traitements efficaces, étant donné que plus de 200 gènes de risque ont été identifiés pour cette maladie, sans que des thérapies efficaces soient encore disponibles.
L’utilisation de populations génétiquement diverses de souris a permis aux chercheurs de reproduire la diversité observée dans les populations humaines, tout en contrôlant les facteurs environnementaux tels que la température et l’alimentation. Cette approche de la génétique des systèmes offre un cadre prometteur pour l’étude des maladies complexes telles que la MII.
L’identification d’EPHA6 et de MUC4 en tant que gènes candidats associés à l’inflammation chronique de l’intestin et à la MII ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche future. Des investigations mécanistiques supplémentaires sont nécessaires pour établir un lien de causalité entre ces gènes candidats et la MII.
L’étude discutée ici offre des aperçus précieux sur l’interaction entre les facteurs génétiques et un régime riche en matières grasses dans le développement de l’inflammation intestinale et de la MII. En utilisant des souris génétiquement diverses, les chercheurs ont identifié des modules de gènes et des gènes candidats associés à la MII. Ce travail jette les bases pour des études futures visant à comprendre les mécanismes sous-jacents de la MII et à développer des traitements ciblés. En fin de compte, les découvertes pourraient contribuer à une meilleure prise en charge clinique de la MII chez les humains, offrant ainsi de l’espoir aux personnes affectées par cette affection débilitante.