Les régimes “bulk and cut” sont liés à des symptômes de troubles alimentaires et de dysmorphie musculaire

Une nouvelle étude, publiée dans la revue Eating and Weight Disorders – Studies on Anorexia, Bulimia and Obesity, a révélé que près de la moitié des hommes, et une femme sur cinq, ainsi que des participants transgenres et non-conformes au genre, se sont livrés à un cycle “bulk and cut” au cours des 12 derniers mois.
“Bulking and cut” – une technique diététique caractérisée par l’alternance de périodes de consommation de calories excédentaires (bulking) et de restriction de la consommation de calories (cutting) afin d’optimiser la croissance de la masse musculaire maigre et de réduire la graisse corporelle – est une pratique qui s’aligne sur les idéaux corporels actuels. Elle est particulièrement répandue chez les adolescents et les jeunes adultes, notamment ceux qui font partie de la communauté du fitness et ceux qui s’efforcent d’obtenir un corps plus musclé et plus tonique.
En analysant les données de plus de 2 700 adolescents et jeunes adultes canadiens, les chercheurs ont constaté que l’engagement dans la pratique du “bulking” et du “cutting” était lié à un plus grand désir de devenir plus musclé, dans tous les groupes de participants, soulignant le lien entre cette méthode alimentaire et le désir de changer son corps.
“La musculation et la coupe sont des pratiques courantes dans le milieu du fitness et sont popularisées par les médias sociaux”, explique l’auteur principal, Kyle T. Ganson, PhD, MSW, professeur adjoint à la Faculté de travail social Factor-Inwentash de l’Université de Toronto. “Compte tenu des idéaux corporels qui mettent l’accent sur la musculature et la maigreur chez les garçons et les hommes, il n’est pas surprenant que ce mode d’alimentation soit très courant dans notre échantillon, mais il faut aussi noter que les filles, les femmes, les transgenres et les participants qui ne confirment pas leur genre, subissent également des pressions uniques pour adhérer à des types de corps spécifiques. Pour les filles et les femmes, cet idéal passe de l’idéal de la minceur à un idéal de la tonicité et de la forme.”
Peu d’études, cependant, ont exploré et caractérisé l’engagement dans les cycles de bulk et de cut, ou si cette méthode diététique est liée à la pulsion de musculature et à la psychopathologie des troubles alimentaires et de la dysmorphie musculaire.
“Nos résultats ont également montré que l’engagement dans les cycles de gonflement et de coupe était associé à des symptômes de troubles alimentaires, ainsi qu’à la dysmorphie musculaire, qui se caractérise par la recherche pathologique de la musculature, chez les hommes et les femmes de l’étude”, explique Ganson. “Ces résultats sont particulièrement importants étant donné la prévalence accrue documentée des troubles alimentaires et des comportements connexes pendant la pandémie de COVID-19.”
L’étude met en lumière l’importance d’une plus grande sensibilisation à cette méthode diététique unique, qui peut passer inaperçue auprès des professionnels de la santé et de la santé publique.
“Il est important que les professionnels de la santé dépistent un vaste éventail de pratiques alimentaires qui peuvent être néfastes pour les jeunes, et pas seulement les comportements cliniques de troubles alimentaires, comme la restriction alimentaire”, explique Ganson. “Nous devons poursuivre nos recherches sur ces formes de comportements axés sur la musculature afin de mieux les comprendre et de mettre en œuvre des stratégies efficaces pour protéger la santé et le bien-être des jeunes Canadiens.”
Source : https://link.springer.com/article/10.1007/s40519-022-01470-y