Les fluctuations des niveaux de cholestérol et de triglycérides augmentent le risque de démence, selon une étude

La démence est une préoccupation mondiale croissante, avec des millions de personnes touchées dans le monde entier. Alors que la population vieillit, il devient de plus en plus important de trouver des moyens de prévenir ou de retarder l’apparition de cette maladie neurodégénérative. Une étude récente a examiné la relation entre les fluctuations des niveaux de cholestérol et de triglycérides et le risque de développer une démence. Les résultats suggèrent que les personnes ayant des profils lipidiques incohérents peuvent être plus susceptibles de développer une démence. Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour comprendre pleinement ces associations, l’étude fournit des informations précieuses pour les professionnels de la santé et des stratégies potentielles de prévention de la démence.
Comprendre l’étude: L’étude, publiée dans Neurology, a consisté à analyser les dossiers médicaux de 11 571 participants âgés en moyenne de 71 ans. Aucun des participants n’avait été précédemment diagnostiqué avec une démence. Les chercheurs ont mesuré divers lipides sanguins, notamment le cholestérol total, les triglycérides, le cholestérol lipoprotéines de basse densité (LDL) et le cholestérol lipoprotéines de haute densité (HDL), à plusieurs reprises sur une période de 5 ans. Les participants ont ensuite été suivis en moyenne pendant 12,9 ans pour évaluer le développement de la démence.
Les chercheurs ont classé les participants en cinq groupes en fonction de la fluctuation de leurs niveaux lipidiques. L’étude a révélé que ceux du groupe des 20% ayant la plus grande variabilité du cholestérol étaient 19% plus susceptibles de développer une démence que ceux du groupe des 20% ayant la plus faible variabilité. De même, les individus du groupe des 20% ayant la plus grande variation des triglycérides présentaient un risque de démence accru de 23% par rapport à ceux du groupe des 20% ayant la plus faible variabilité. Notamment, ces associations sont restées significatives même après avoir pris en compte d’autres facteurs tels que l’éducation, les niveaux de cholestérol de départ et l’observance des traitements hypolipidémiants. Cependant, les fluctuations du LDL et du HDL n’ont pas montré de lien direct avec une augmentation du risque de démence.
Bien que l’étude ne fournisse pas d’explication définitive sur l’association entre la variabilité du cholestérol et le risque de démence, des experts ont proposé plusieurs mécanismes potentiels. Le Dr James Giordano, professeur au Georgetown University Medical Center, a suggéré que des facteurs transportés par le sang pourraient déclencher des changements dans les médiateurs inflammatoires, influençant les vaisseaux sanguins cérébraux et les cellules cérébrales. Ces changements pourraient interagir avec des prédispositions génétiques existantes, augmentant potentiellement le risque de maladies neurodégénératives telles que la démence. Le Dr Dmitriy Nevelev, directeur associé de la cardiologie au Staten Island University Hospital, a ajouté que la variabilité du cholestérol pourrait entraîner une dysfonction endothéliale et une instabilité de la plaque vasculaire, affectant le flux sanguin et endommageant la substance cérébrale.
Limitations et perspectives de recherche future: Bien que l’étude fournisse des informations précieuses, il est essentiel de prendre en compte ses limites. La population étudiée présentait des niveaux de comorbidité plus élevés par rapport au groupe témoin, ce qui pourrait introduire des variables confusionnelles. De plus, les participants ont été sélectionnés dans une seule région, ce qui soulève des questions sur la généralisabilité des résultats. Les facteurs de risque génétiques de la démence, tels que le gène apolipoprotéine-E (Apo-E), n’ont pas été pris en compte dans l’analyse, ce qui aurait pu influencer les résultats. Les futures études devraient viser à résoudre ces limites et à examiner l’impact potentiel des facteurs génétiques et d’autres variables sur la relation entre la variabilité lipidique et le risque de démence.
Implications pour la prévention de la démence: Le développement de stratégies de prévention de la démence est essentiel étant donné sa prévalence croissante. Les résultats de l’étude soulignent l’importance de surveiller les niveaux de cholestérol et les fluctuations des triglycérides, car ils pourraient servir d’outils de dépistage potentiels pour identifier les personnes présentant un risque accru de développer une démence. Bien qu’il n’existe actuellement aucun médicament spécifiquement conçu pour réduire les fluctuations lipidiques, l’étude suggère que des changements alimentaires pourraient aider à stabiliser les niveaux de cholestérol et de triglycérides, réduisant ainsi le risque de démence. De plus, étant donné que des niveaux de cholestérol plus bas ont été associés à un risque réduit de maladie d’Alzheimer, il est recommandé aux personnes à risque de démence de suivre les recommandations de leurs médecins, y compris de prendre les médicaments statines prescrits si cela est approprié.
L’étude sur le lien entre les fluctuations des niveaux de cholestérol et de triglycérides et le risque de démence fournit des informations précieuses sur les facteurs de risque potentiels de cette maladie débilitante. Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour comprendre pleinement les mécanismes sous-jacents et aborder les limites de l’étude, les résultats contribuent à notre compréhension de la prévention de la démence. À mesure que la population mondiale vieillit, il est de plus en plus important d’identifier les facteurs modifiables susceptibles de contribuer à la réduction du risque de démence. Les professionnels de la santé et les chercheurs doivent continuer à explorer ces liens afin de développer des stratégies efficaces
Source : https://n.neurology.org/content/early/2023/07/05/WNL.0000000000207595