Gare au déséquilibre du microbiote buccal


Les bactéries de la bouche vivent en symbiose avec notre organisme.

Mais une mauvaise alimentation ou une défaillance de l’hygiène bucco-dentaire peuvent contribuer à l’apparition de certaines maladies, intestinales, cardio-vasculaires, pulmonaires et même cérébrales. Cet article est issu du magazine Sciences et Avenir n°874 daté décembre 2019.

Le chiffre donne le tournis : notre bouche abrite plusieurs milliards de bactéries formant le microbiote le plus abondant du corps humain après celui de l’intestin. Le plus diversifié aussi : le projet Human oral microbiome database, lancé en 2010 par le Forsyth Institute, affiliée à la faculté dentaire de Harvard (Boston, États-Unis) a recensé, grâce aux nouvelles techniques de séquençage de l’ADN, 771 espèces différentes de bactéries buccales ! “Chaque individu en héberge entre 250 et 300, cohabitant avec des virus, des protozoaires et des champignons, ajoute le Dr Vincent Meuric, chirurgien- dentiste et chercheur au pôle odontologie du CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine). Ces bactéries sont soit commensales (protectrices), soit opportunistes, c’est-à-dire qu’elles peuvent devenir pathogènes en fonction des conditions de l’environnement.”

“Cet équilibre peut être menacé par l’alimentation, le tabac, une antibiothérapie…”

Lorsque le microbiote est à l’équilibre (ou eubiose), “l’ensemble des surfaces de la bouche étant colonisé par des bactéries commensales, il reste peu de place pour la fixation des agents pathogènes”, détaille la Pr Marie-Laure Colombier, chirurgien-dentiste spécialisée en parodontologie à l’hôpital Louis-Mourier de Colombes (Hauts-de-Seine). “Mais cet équilibre peut être menacé par l’alimentation, le tabac, une antibiothérapie, une insuffisance d’hygiène bucco-dentaire ou le stress, poursuit-elle. Et la rupture de cet équilibre (dysbiose) entraîne la prolifération de bactéries opportunistes, susceptibles de provoquer des infections locales.” Selon Vincent Meuric, l’exemple le plus courant est la consommation de sucre en dehors des repas. “Les bactéries opportunistes qui s’en nourrissent prolifèrent et produisent des composés acides qui attaquent l’émail, la couche externe, dure et minéralisée, qui recouvre la couronne dentaire, jusqu’à provoquer une carie.”

Autre conséquence d’une dysbiose, la maladie “parodontale” déclenchée par une présence excessive bactérienne : “Elle peut être superficielle et réversible, ne touchant que la gencive : c’est la gingivite, précise Marie-Laure Colombier. Ou bien concerner le support de la dent et la menacer de déchaussement. On parle alors de “parodontite”.” Dans ce cas, alerte rouge dans tout l’organisme.

Source:

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/os-et-muscles/gare-au-desequilibre-du-microbiote-buccal_139453

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