Un acide gras commun contribue à la sensibilité à la température et à la douleur dans les plaques de psoriasis

Le psoriasis est une maladie auto-immune chronique qui touche plus de 125 millions de personnes dans le monde. Il se caractérise par l’accumulation de cellules cutanées qui créent des plaques rouges et squameuses pouvant provoquer des démangeaisons, des douleurs et des défigurations. Bien que la cause exacte du psoriasis soit inconnue, on pense qu’elle implique une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux, notamment le régime alimentaire occidental.
Une nouvelle étude publiée dans JID Innovations révèle qu’un acide gras courant dans l’alimentation occidentale, l’acide linoléique, se décompose en composés qui contribuent à l’augmentation de la température et de la sensibilité à la douleur dans les lésions psoriasiques. Cette découverte pourrait permettre de mieux comprendre comment les lipides communiquent avec les neurones sensoriels et d’améliorer potentiellement les traitements de la douleur et de la sensibilité chez les patients atteints de psoriasis.
L’acide linoléique est un acide gras polyinsaturé que l’on trouve dans les huiles végétales, les noix et les graines. C’est l’un des acides gras prédominants dans le régime alimentaire occidental et il joue un rôle dans la fonction de barrière cutanée. Les chercheurs ont découvert des niveaux élevés de deux types de lipides dérivés de l’acide linoléique dans les lésions psoriasiques, ce qui les a amenés à examiner si leur présence pouvait être liée à l’hypersensibilité à la température ou à la douleur dont font état de nombreux patients atteints de psoriasis.
En utilisant la spectrométrie de masse, l’équipe de recherche a créé des profils lipidiques de la peau des lésions psoriasiques et s’est concentrée sur deux types de lipides dérivés de l’acide linoléique, ou oxylipides : le 13-hydroxy-9,10-époxy octadécénoate (9,13-EHL) et le 9,10,13-trihydroxy-octadécénoate (9,10,13-THL). Ils ont constaté que les deux formes se lient aux récepteurs des neurones sensoriels de la peau, mais que la forme la plus stable (9,10,13-THL) a un effet plus durable que le 9,13-EHL.
Une fois que les lipides se lient au récepteur neuronal, ils activent les neurones exprimant les récepteurs TRPA1 et TRPV1 qui sont impliqués dans l’hypersensibilité à la température et à la douleur, ouvrant ainsi des canaux de communication avec le système nerveux central. Il est intéressant de noter que les lipides n’ont eu aucun effet sur les démangeaisons, qui sont généralement le symptôme le plus gênant associé au psoriasis.
Les chercheurs pensent que l’association entre l’acide linoléique et l’hypersensibilité à la température et à la douleur pourrait conduire à de nouvelles thérapies ou solutions diététiques pour certaines personnes souffrant de psoriasis. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer la manière exacte dont cette réponse est créée, y compris ce qui provoque le passage du lipide d’une forme à l’autre et l’endroit où la liaison se produit.
En conclusion, cette étude met en lumière le rôle des lipides dérivés de l’acide linoléique dans le psoriasis et souligne l’importance des interventions diététiques dans la gestion des affections cutanées chroniques. Elle ouvre une nouvelle voie pour la compréhension des mécanismes moléculaires impliqués dans le psoriasis et le développement de nouveaux traitements pour améliorer la qualité de vie des patients atteints de psoriasis.
Source :https://www.jidinnovations.org/article/S2667-0267(22)00085-6/fulltext