Une équipe de chercheurs de l’Université de technologie de Chalmers en Suède a publié l’été dernier un article dans le Journal of Nutrition qui décrit comment les polluants éliminent les propriétés protectrices des poissons gras qui, autrement, agiraient comme une prévention du développement du diabète de type 2.
Dans le document, l’équipe décrit comment ils ont utilisé des techniques innovantes pour arriver à cette conclusion, ce qui est susceptible d’avoir un impact sur les futures études sur la santé, ainsi que sur les priorités environnementales et les normes alimentaires.
Des études sur les avantages de manger du poisson gras produisent des résultats contradictoires
Ces dernières années ont vu la publication de plusieurs études qui ont étudié l’effet de la consommation de poissons gras sur le risque de développer un diabète de type 2. Cependant, il a été difficile de conclure ces études car les résultats ont été contradictoires.
Certaines preuves ont montré que la consommation régulière de poisson gras peut réduire le risque de développer un diabète de type 2, d’autres n’ont signalé aucun effet et d’autres ont même signalé l’effet inverse.
L’équipe basée en Suède visait à résoudre le casse-tête présenté par les preuves contradictoires produites par des recherches antérieures.
Une nouvelle méthode a été mise en œuvre dans l’étude pour déterminer ce que les participants avaient mangé, afin d’améliorer la précision des questionnaires sur les habitudes alimentaires qui étaient également administrés. Une limitation des études antérieures portant sur la relation entre la consommation de poisson gras et le diabète est qu’elles ne reposaient que sur des questionnaires d’auto-évaluation qui sont sujets à erreur.
Les chercheurs ont réussi à minimiser cette erreur en utilisant la métabolomique basée sur la spectrométrie de masse pour identifier et mesurer les biomarqueurs liés à la consommation de poisson dans les échantillons de sang des participants.
Cela leur a donné une mesure plus objective de la quantité de poisson consommée par chaque participant.
Alors que les études précédentes auraient pu être affectées par une erreur subjective dans les auto-évaluations, la méthode d’utilisation des marqueurs métaboliques est immunisée contre cette erreur et peut donc être fiable pour produire des résultats plus fiables.
Le lien entre les polluants et le risque de diabète
Des recherches antérieures avaient signalé des polluants spécifiques, tels que les dioxines, le DDT et les PCB, comme étant associés à un risque accru de développer un diabète de type 2.
Par conséquent, l’équipe de l’Université Chalmers a également mesuré les niveaux de ces polluants dans les échantillons prélevés. Il a été émis l’hypothèse que les résultats contradictoires offerts par les études précédentes pouvaient être liés aux fluctuations des niveaux de ces polluants.
Les aliments sont connus pour être la principale source d’exposition à ces polluants, qui sont solubles dans les graisses et que l’on trouve le plus souvent dans les aliments produits à partir d’animaux gras, comme les produits laitiers, le poisson et la viande. Des études ont montré que les poissons gras comme le hareng et le saumon sauvage qui sont élevés dans des zones fortement polluées contiennent des niveaux élevés de ces polluants.
En Suède, les poissons provenant de régions telles que la mer Baltique, le golfe de Botnie et les lacs Vänern et Vättern sont considérés comme particulièrement contaminés.
L’équipe a analysé leurs données et a révélé que la consommation globale de poissons gras n’affectait pas le risque de développer un diabète de type 2.
Cependant, ce qui était intéressant, c’est qu’ils étaient capables de filtrer l’effet des polluants environnementaux présents dans le poisson via une nouvelle technique d’analyse des données basée sur l’apprentissage automatique, et ont constaté que sans polluants, le poisson fournirait un niveau de protection significatif contre développer la maladie.
Ces résultats ont des implications importantes sur la façon dont le poisson doit être élevé, non seulement en Suède, mais dans le monde entier, pour garantir que les avantages pour la santé du poisson peuvent être protégés, permettant aux gens d’accéder à un moyen simple de réduire leur risque de développer un diabète de type 2.
· Shi, L., Brunius, C., Bergdahl, I., Johansson, I., Rolandsson, O., Donat Vargas, C., Kiviranta, H., Hanhineva, K., Åkesson, A. and Landberg, R. (2019). Joint Analysis of Metabolite Markers of Fish Intake and Persistent Organic Pollutants in Relation to Type 2 Diabetes Risk in Swedish Adults. The Journal of Nutrition, 149(8), pp.1413-1423.