Les sujets âgés représentent une proportion croissante de la population et jusqu’à présent, l’allergie alimentaire (AA) du sénior est peu étudiée. Celle-ci peut être favorisée par l’immunosénescence, l’augmentation de la perméabilité intestinale et d’autres cofacteurs.
Étude rétrospective multicentrique de 1995 à 2020. Inclusion de patients âgés de 60 ans et plus, adressés pour AA basée sur l’anamnèse, une sensibilisation alimentaire (tests cutanés ou in vitro) et/ou test de réintroduction. Les patients sont répartis en 2 groupes : « neoAA » pour ceux présentant une AA apparue à partir de 60 ans et « anciennes AA » si AA < 60 ans.
Soixante treize patients inclus dont 21 neoAA et 52 AA anciennes, principalement IgE médiées (69/73). L’AA s’est développée entre 18 et 82 ans et la moitié des patients a présenté une nouvelle réaction après le diagnostic, dont 37 % de grade III. Sex ratio M/F = 3 dans le groupe neoAA. Atopie observée chez 19 % des sujets du groupe neoAA VS 44 % dans le groupe ancienne AA. Antécédent de cancer rapporté chez 19 % des patients du groupe neoAA VS 6 % dans l’autre groupe. Les principaux trophallergènes sont la viande (19 %), les fruits et légumes (22 %) et le blé (21 %). Dans le groupe neoAA, 29 % présentent une allergie à la viande tandis que dans le groupe ancienne AA, 25 % sont allergiques au blé et 25 % aux fruits et légumes. Un cofacteur est retrouvé chez 58 % des patients, dont 100 % des allergies au blé, 36 % des allergies à la viande et 44 % des allergies aux fruits et légumes. Les cofacteurs les plus fréquents sont l’ingestion d’alcool (23 %), l’exercice (23 %) et les AINS (15 %). Concernant les profils biomoléculaires, 71 % des allergies à la viande et 87 % des AA au blé sont liées à des IgE anti Alpha-Gal et anti omega5-gliadine respectivement.
Ce premier observatoire français sur l’AA du sénior permet de souligner la fréquence des anaphylaxies alimentaires sévères probablement du fait des comorbidités et de polymédications. Cette étude pilote ouvre la voie vers une étude prospective nationale. Elle précisera les facteurs de risque de persistance de l’AA, de rupture de tolérance et d’expression de neoallergies et permettra d’attirer l’attention des gériatres.
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