Considérations nutritionnelles générales pour les patients atteints de MII

La malnutrition est fréquente dans les maladies inflammatoires de l’intestin (MII), en particulier dans la maladie de Crohn, avec des taux de 20 à 85 % cités dans la littérature1.

Les objectifs de la thérapie nutritionnelle sont de maintenir ou de rétablir l’équilibre nutritionnel, de gérer les symptômes gastro-intestinaux et éventuellement de réduire l’inflammation. Une étude récente2 de la Fondation des maladies inflammatoires de l’intestin (Crohn’s & Colitis Foundation) a révélé que près de 60 % des personnes atteintes d’une MII considèrent que la nutrition est un élément très important de la prise en charge de leur maladie, mais que très peu d’entre elles discutent de leur régime alimentaire avec leurs prestataires de soins. Ce guide est fondé sur les données probantes actuelles, en tenant compte de facteurs importants tels que l’activité de la maladie, sa localisation, les antécédents chirurgicaux, la prise de médicaments et la fonction intestinale. Il incombe au clinicien expérimenté de fournir des soins individualisés en fonction des besoins du patient.
1) Régime alimentaire : L’évitement des aliments est courant dans les MICI. Même si les patients sont généralement invités à limiter les fibres ou les résidus (noix entières, graines, fruits/légumes crus, produits laitiers) et le lactose (produits laitiers) afin d’aider à gérer les symptômes, il existe peu de données pour soutenir ces recommandations, et une étude récente a en fait montré une association entre l’évitement de la consommation de fibres chez les patients atteints de la maladie de Crohn et un plus grand risque de poussées.4,5 Les patients présentant une sténose intestinale/un rétrécissement de la lumière ou une diarrhée sévère peuvent bénéficier d’un régime pauvre en fibres insolubles (moins de fruits/légumes crus, céréales complètes). Chez tous les patients s’auto-restructurant en fibres, encouragez la consommation de fruits et légumes mous, pelés et cuits, et de céréales raffinées. Une intolérance au lactose a été signalée chez 44 à 70 % des patients atteints de MICI. Si le lactose est évité, il faut encourager la consommation d’autres sources alimentaires riches en calcium et en vitamine D (tofu, chou vert, fromage à faible teneur en lactose ou lait sans lactose, substituts de lait enrichis).
Pour la colite ulcéreuse (CU) :
-RCH active : réduisez la consommation d’aliments qui peuvent augmenter les symptômes (fibres insolubles, sucreries concentrées, aliments riches en graisses, caféine/alcool et alcools de sucre). Augmenter l’apport en liquide.
-Rémission : en général, régime riche en fibres avec aussi peu de restrictions que possible.
Pour la maladie de Crohn (MC) :
-MC active : réduire la consommation d’aliments susceptibles d’augmenter les symptômes (fibres insolubles, sucreries concentrées, aliments riches en graisses, caféine/alcool et alcools de sucre) et augmenter la consommation de liquides. Pour les patients motivés, envisager une période d’essai de 4 à 12 semaines de nutrition entérale exclusive (NIE) par le biais d’une formule polymérique ou élémentaire (voir tableau 1 @source), car il a été démontré que cela induit une rémission, améliore l’état nutritionnel, la composition corporelle, la cicatrisation des muqueuses, la diminution des cytokines pro-inflammatoires et la réduction des marqueurs inflammatoires sériques, en particulier chez les patients atteints de MC légère-modérée récemment diagnostiquée. Il est recommandé que les patients sous EEN soient suivis de près en collaboration avec un diététicien.
-Rémission : en général, régime riche en fibres avec aussi peu de restrictions que possible. Chez les patients motivés, envisager une alimentation entérale partielle ou PEN (définie comme 30 à 50 % des besoins énergétiques fournis par la PEN), car elle a été associée à un maintien plus élevé de la rémission dans de petites études.
Soutien nutritionnel :
La nutrition entérale (via une formule polymérique) doit être envisagée chez les patients qui ne sont pas en mesure de maintenir un état nutritionnel suffisant par voie orale.8 Si l’on craint une malabsorption ou une fonction gastro-intestinale compromise, il faut envisager une formule semi-élémentaire ou élémentaire.
-La nutrition parentérale (NP) ne doit pas être considérée comme un traitement primaire des MICI. La nutrition parentérale doit être envisagée chez les patients qui ne peuvent tolérer la nutrition entérale ou chez ceux dont l’intestin n’est pas fonctionnel (obstruction prolongée, fistule entérique, intestin court (<150 cm d’intestin grêle fonctionnel).
2) Objectifs énergétiques et protéiques : Les patients atteints d’une maladie active peuvent avoir du mal à maintenir l’équilibre des macronutriments en raison des cytokines inflammatoires qui diminuent l’appétit, de la réduction de l’apport due aux symptômes gastro-intestinaux ou de la malabsorption. Il est donc impératif que les patients consomment suffisamment de calories et de protéines pour prévenir les complications associées à la malnutrition.
-Besoins énergétiques estimés en fonction de l’IMC :
IMC <15 : 36-45 kcals/kg
IMC 15-19 : 31-35 kcals/kg
IMC 20-29 : 26-30 kcals/kg
IMC >30 : 15-25 kcals/kg
‘ La plupart des patients atteints de MICI n’ont pas un taux d’énergie au repos plus élevé que la moyenne des patients.
‘ Les patients sévèrement malnutris (c’est-à-dire IMC<18,5), ou ceux qui ne bénéficient pas d’un apport nutritionnel adéquat pendant une période prolongée, sont à risque de syndrome de réalimentation.
◦ Corriger toute anomalie électrolytique (potassium, magnésium, phosphore) avant d’initier un régime PO ou un soutien nutritionnel et surveiller attentivement ces électrolytes pendant les premiers jours, ou jusqu’à ce qu’ils soient stables. ‘ Commencer par 25-50% des objectifs caloriques estimés et passer à 100% des objectifs caloriques en 3-5 jours.
On peut généralement recommander aux patients d’ajouter ~250-500 calories chez ceux qui ont perdu beaucoup de poids (>5% de perte de poids au cours du dernier mois, >10% autrement). Envisager l’utilisation d’huile de triglycérides à chaîne moyenne (TCM) chez les personnes souffrant de malabsorption des graisses, jusqu’à 50 g (8 cuillères à soupe) en petites quantités tout au long de la journée.
-Besoins estimés en protéines :
En général, les besoins quotidiens en protéines sont de 1 à 1,5 g/kg.8 Les besoins en protéines doivent être basés sur le statut de la maladie (la maladie active étant plus proche de 1,5 g/kg) et le poids corporel. Utilisez le poids idéal (équation de Hamwi) pour calculer les besoins en protéines chez le patient obèse (IMC >30). Les patients souffrant d’insuffisance rénale (non dialysés) ou hépatique peuvent avoir besoin de restreindre leur apport en protéines.
3) Suppléments nutritionnels oraux :
Envisager des suppléments nutritionnels oraux (voir tableau 1 @source ) si l’apport est insuffisant ou si la perte de poids est récente ou importante. 11 Les formules polymériques ont tendance à être les plus appétissantes, tandis que les formules élémentaires ou semi-élémentaires peuvent être mieux tolérées par les patients atteints de MICI modérément ou sévèrement actives.
4) Interactions entre les médicaments et les nutriments des MICI :
-Il est conseillé d’administrer 1 à 2 mg d’acide folique par jour aux patients sous méthotrexate ou sulfasalazine.
-Il est conseillé d’augmenter l’apport en calcium (1000-1500 mg/j), en vitamine D (>600 UI/j) et en protéines (1,5 g/kg) chez les patients sous stéroïdes à forte dose (>7,5 mg/j).
-Envisager des versions hydrosolubles des vitamines liposolubles (vitamines A, D, E, K) en cas de traitement par la cholestyramine.
-Envisager une supplémentation en B6 en cas de traitement à l’isoniazide.
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